Image, G.AdC
[D’AVERLO UCCISO L’HO CAPITO TARDI]
D’averlo ucciso l’ho capito tardi.
È stato necessario qualche giorno
per notare l’assenza e interrogarsi
sulla questione, trovare le risposte,
stendere il regesto, denunciare il fatto.
Non l’ho ucciso per caso: questo sia chiaro.
Il colpo era premeditato nei particolari.
Restava da decidere il momento giusto.
L’ho ucciso perché non mi ha lasciato
nient’altro da ammazzare: morti i suoi padri
i suoi nonni e anche gli zii. I suoi fratelli:
morti. Tutti prima che generasse me.
E a cosa serve un uomo se non può
esercitare il suo diritto a uccidere?
Così ho deciso: prima o poi
sarebbe morto da solo, tanto valeva
farlo con le mie mani,
per innestare in una vita grigia
almeno un mito. Quello del parricida.
[JE L’AI TUÉ, JE NE L’AI COMPRIS QUE PLUS TARD]
Je l’ai tué, je ne l’ai compris que plus tard.
Il m’a fallu quelques jours
pour remarquer l’absence et m’interroger
sur la question, trouver des réponses,
dérouler le regeste, dénoncer le fait.
Je ne l’ai pas tué par hasard : que ce soit clair.
Le coup était prémédité dans tous ses détails.
Il restait à choisir le bon moment.
Je l’ai tué parce qu’il ne m’a rien laissé
d’autre à assassiner : morts, ses pères,
ses grands-pères et même ses oncles. Ses frères :
morts. Tous, avant qu’il ne m’engendre moi.
À quoi sert un homme s’il ne peut
exercer son droit de tuer ?
J’ai donc décidé : tôt ou tard
il serait mort de lui-même, alors autant
le faire de mes mains,
pour au moins greffer un mythe
dans le gris d’une vie. Celui du parricide.
Martino Baldi, Capitoli della commedia [Edizioni Atelier, 2006,
Collana Parsifal, « Puro e folle » – n°14] | Chapitres de la comédie, in Revue Phœnix (n°12 – décembre 2013. Numéro spécial Prix Léon-Gabriel Gros), pp. 22-23. Traduit de l’italien par Valérie Brantôme.
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