IMAGINE A FOREST Imagine a forest A real forest. You are walking in it and it sighs Round you where you go in a deep Ballad on the border of a time You have seemed to walk in before. It is nightfall and you go through Trying to find between the twittering Shades the early starlight edge Of the open moor land you know. I have set you here and it is not a dream I put you through. Go on between The elephant bark of those beeches Into that lightening, almost glade. And he has taken My word and gone Through his own Ettrick darkening Upon himself and he's come across A glinted knight lying dying On needles under a high tree. Ease his visor open gently To reveal whatever white, encased Face will ask out at you who It is you are or if you will Finish him off. His eyes are open. Imagine he does not speak. Only His beard moving against the metal Signs that he would like to speak. Imagine a room Where you are home Taking your boots off from the wood In that deep ballad very not A dream and the fire noisily Kindling up and breaking its sticks. Do not imagine I put you there For nothing. I put you through it There in that holt of words between The bearded liveoaks and the beeches For you to meet a man alone Slipping out of whatever cause He thought he lay there dying for. Hang up the ballad Behind the door. You are come home but you are about To not fight hard enough and die In a no less desolate dark wood Where a stranger shall never enter. Imagine a forest A real forest. W. S. Graham, “Imagine a forest” in Implements in Their Places, Faber & Faber, London, 1977, in W. S. Graham, The Dark Dialogues/Les Dialogues obscurs, Selected Poems/Poèmes choisis, Black Herald Press, 2013, pp. 84-86.
Imagine une forêt Une vraie forêt Tu y marches et elle soupire Autour de toi là où tu vas dans une profonde Ballade à la frontière d’un temps Où il te semble avoir déjà marché. C’est la tombée de la nuit et tu avances T’efforçant de trouver entre les ombres Pépiantes l’orée précoce, étoilée, De la lande nue que tu connais. Je t’ai mis là et ce n’est pas un rêve Que je t’inflige. Poursuis ton chemin entre L’écorce éléphantine de ces hêtres Jusqu’à cette trouée, presque clairière. Et il m’a pris au Mot et s’en est allé À travers son Ettrick s’enténébrant Sur lui-même, puis a croisé Un chevalier étincelé, mourant, étendu Sur des aiguilles au-dessous d’un grand arbre. Soulève doucement sa visière Et découvre quelque blanc visage sous Le heaume qui te demandera qui Tu peux bien être ou si tu veux L’achever. Ses yeux sont ouverts. Imagine qu’il ne dit rien. Seule Sa barbe flottant contre le métal Te signifie qu’il aimerait parler. Imagine une pièce Où tu es chez toi À ôter tes bottes en revenant du bois Dans cette profonde ballade aucunement Un rêve et le feu qui avec bruit S’embrase et fend ses brindilles. Ne va pas t’imaginer que je t’ai mis là Sans raison. Je t’inflige ceci Là-bas dans ce taillis de mots entre Les hêtres et les chênes glauques, barbus, Afin que tu y croises un homme seul Se détachant de la cause, quelle qu’elle fût, Pour laquelle il se pensait mourir là. Pends la ballade Derrière la porte. Tu es rentré chez toi mais tu t’apprêtes À ne pas te battre avec assez d’ardeur et à mourir Dans un bois sombre et tout aussi désolé Où nul inconnu ne pénètrera jamais. |
W. S. GRAHAM ■ Voir aussi ▼ → (sur le site Black Herald Press) la page de l’éditeur sur The Dark Dialogues/Les Dialogues obscurs → (sur le site de la librairie Compagnie) une fiche bio-bibliographique sur W. S. Graham |
Retour au répertoire du numéro de novembre 2013
Retour à l’ index des auteurs
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.