Ph., G.AdC
[UN CIMETIÈRE PRÈS DES FORGES]
Un cimetière près des forges (dans la campagne tourbeuse). Tandis qu’il pleuvait, le vent abrasait les tombes, des enfants jouaient entre les divisions. Dans les arbres, des choucas se lançaient des appels enlisés dans la nuit noire. À quelques pas de là, un feu, mort, lui aussi. Et le vent toujours jouant de l’échine, repassant le talus et la nuit partout brouillant les pistes par la montée herbue. J’inventais un chemin, souvenir de sainfoin et de fumures, babil de biefs, je m’habituais au crin détressé des raidillons et aux champs démêlés, fanes glabres des jardins ouvriers, dans la clameur ferroviaire, il y a longtemps de cela la courbe écrêtée des collines et des cabanes dépeintes replantées dans l’imbroglio des mûres, toute la pruine à l’abandon et les brûlis.
Une ombre au-dessus des mares, comme une rature : au corbeau, l’orage allait comme un gant.
— Le ciel au plus près de la terre, les nuages déboussolés.
Jean-Paul Bota, Usage des cendres précédé de Feuillets du Midi (Chartres Lisbonne Venise), Le préau des collines, 2010, pp. 68-69.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.