[QUELLE EST LA SURFACE D’UN ARBRE ?]
quelle est la surface d’un arbre ?
il y a être sous le figuier
monter, rôder, écouter son nom
sous l’abri transparaissant
éprouver le soleil des feuilles
regarder les gousses se gorger peu à peu
flairer le lait qui filtre à travers les tiges
imprégné de sa gomme, du grondement de ses bourdons, lentement être assimilé
puis, au bout d’un temps se rendre à une évidence troublante : être devenu figue
quelle est la surface de l’arbre mouillé ?
balourd est le palmier qui, dans sa précipitation vers la feuille a oublié
la branche []
même la pelouse rit
avoir envie d’habiter dans un vieux noyer tant sont convaincantes
la force et la certitude que cet arbre met à être arbre
debout, se tenir debout
sous un cerisier de printemps
et attendre -ttendre -tendre que
vienne le vent
pour qu’il neige enfin rose
sentir ce que sent la feuille sensible
comprendre par où elle va chercher la lumière
sa souplesse — son pied nu
son point d’appui
elle fait tête
vulnérable, plate,
avec son envers et son endroit
s’agite à la poussée qui la bat
aimer sa chute élastique d’oiseau mort
écrire sur les arbres, c’est se tromper de sens
Christine Caillon, Autoportrait en arbres, Éditions La Pierre d’Alun, 2013, pp. 60-61. Flexographies de Kikie Crêvecœur. Préface de Jean-Louis Giovannoni.
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