Diptyque photographique, G.AdC [QUELLE SALADE !] 1er novembre
Elle est intéressante cette idée que le sentiment en art est le simple fragment mimétique, l’exacte description du calme plat. C’est-à-dire une description faite avec des termes propres, sans découvertes de rapports d’images et sans intrusion de la logique. Mais si l’on peut concevoir une description qui ne comporte pas d’images (ce que, peut-être, la nature même du langage nie), peut-il y avoir une description qui se passe de la pensée logique ? N’est-ce pas déjà l’expression d’un jugement que d’observer que l’arbre est vert ? Ou, s’il semble ridicule de voir une pensée dans une telle banalité, où finit la banalité et où commence le véritable jugement logique ? Pour le second alinéa, je renvoie à un meilleur philosophe. Il me semble en tout cas exact que la description correcte relève du sentiment. Utiliser les émotions pour y découvrir des rapports est en fait déjà élaborer rationnellement ces expériences. Et comment se fait-il que la nature du langage nie la possibilité de ne pas employer d’images ? Que vert vienne de vis et soit une allusion à la force de la végétation, c’est là un rapport aussi beau qu’indiscutable ; mais est également indiscutable l’actuelle simplicité de ce mot et sa référence immédiate à une idée unique. Qu’arriver ait jadis signifié aborder et qu’au début, c’ait été faire une image nautique que de dire que l’hiver arrivait, ne détruit pas l’absolue objectivité de la même observation faite maintenant. Ma parenthèse était donc stupide. Quelle salade ! Cesare Pavese, Le Métier de vivre in Œuvres, Quarto Gallimard, 2008, page 1383. Édition établie et présentée par Martin Rueff. |
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