Stéphanie Ferrat | Magali Ballet,
Cette surface bordant le noir,
Propos 2 éditions, Collection Le Mur dans le miroir,
Manosque, 2013.
Lecture d’Angèle Paoli
Source
DANS CE RAI DE LUMIÈRE QUI TROUE L’OPACITÉ
Certains textes sont un murmure. Chuchotement de voix pour dire le silence douloureux du monde. Parfois des photos en noir et blanc accompagnent le texte, comme en écho assourdi. Ligne de partage des mots et des images, une lumière filtre entre les feuillages, espaces de respiration qui animent la page.
Ainsi de ce petit opus, Cette surface bordant le noir, ouvré par Stéphanie Ferrat (pour le texte) et Magali Ballet (pour les photos), publié chez Propos 2 éditions, dans la collection Le Mur dans le miroir.
Les photos ― forêts et feuillages, clairières, buissons, trouées de lumière, trajectoires, débris de branchages et troncs ― dans le tremblé indistinct des formes, sont comme prises de vitesse dans/par l’objectif.
La mort, présente sous la blancheur, palpite encore entre les branches. Des pas (absents) crissent dans la neige, traversent le bois comme on traverserait un miroir. La vie est là, aussi, qui cherche à se saisir du moindre indice. Comprendre. « Cette ouverture dans l’absence ». Quelque chose est advenu, qui n’a laissé de sa présence que sa « disparition ». « Le bois s’écarte, laisse apparaître l’absence. »
Les photos, dominante de gris, une vitre qui ne restitue qu’un contour voilé. Les poèmes― des strophes brèves disséminées, une phrase en italiques, quelques mots égarés sur la page ― disent, sous le murmure, la crainte de déranger les âmes en sommeil. Les « êtres pressentis » se taisent entre présence et absence. Les yeux cherchent et fouillent « cette surface bordant le noir ». Les paroles échangées s’épuisent de ne pouvoir cerner ce qui tient de l’indicible. Toute chose se dérobe devant l’accélération de la chute, laissant place à l’obscur.
« Tout est rayé
je ne vois plus où commence le monde. »
Il n’y a de réponse que dans ce chuchotement qui bruit entre les pages, dans ce rai de lumière qui troue l’opacité, dans le partage des mots.
Voix feutrée.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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