Ph., G.AdC SAISON DU SEL à Isabelle Je voudrais offrir à tes yeux des rivières des roses absolues des années labourées sans récolte de cendres Je voudrais remonter notre destin de l’abîme préserver la mémoire de l’euphorie loin des rêves pris entre les plis du silence d’exilés morts à force de regret Tu vois que les caprices de notre automne ne mènent à rien Les saisons n’ont pas laissé de traces et la rivière étirée en cortège d’ombres blanches parle de blessures comme de cendres après la pluie Ce sont de vieux jours incendiés de haines qui nous ont permis d’apprivoiser la paix Jours en mouvement lent comme des restes de braises dans la nuit morte Il nous échoie la blancheur du sel que le destin a tissé au royaume du vent aussi haut que mes jours torturés Avec ta sève et ce sel perdu dans les pentes et l’ombre éblouie de tes hanches que mon corps sans cesse conquérant remonte la forêt écimée dans l’immensité nue face à la mer témoignera un jour que le vent a humé les pierres et dispersé les nuits brisées d’une femme au visage d’argile Salah Al Hamdani in Revue Sarrazine n° 13, Papier(s), 2012, pp. 54-55. |
SALAH AL HAMDANI Ph. H. Schneese Poète et écrivain de langue française et arabe, Salah Al Hamdani est né en 1951 à Bagdad. Exilé en France en 1975, il a commencé à écrire en prison politique en Irak vers l’âge de 20 ans. Il est aujourd’hui l’auteur de nombreux ouvrages littéraires (romans, poésies, nouvelles et récits) écrits et publiés pour la plupart en arabe ou en français. En 2008, Emmanuèle Lagrange a réalisé un documentaire sur lui : Bagdad-Paris, Itinéraire d’un poète. ■ Salah Al Hamdani sur Terres de femmes ▼ → Bagdad, désespérément (extrait de Rebâtir les jours) → Le début des mots (extrait de Bagdad mon amour) → Isabelle Lagny — Salah Al Hamdani | [Dans la lumière blanche] (extrait de Contrejour amoureux) ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature) une fiche bio-bibliographique sur Salah Al Hamdani → (sur YouTube) un entretien avec Salah Al Hamdani |
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Un chemin de migration abrupt dans la tranchée blanche des mots... Brûlure. Mais aussi attention tendre à l'autre caché dans l'épaisseur de l'argile. Poésie lumineuse à la porte du silence dans le sable de l'encre.
Rédigé par : christiane | 21 février 2013 à 17:45