Ph., G.AdC
NOS LÈVRES ET LEURS BAISERS (extrait)
Mourir donc attend un regard qui s’ouvre et un regard qui se ferme. L’un est le bourgeon de l’autre. Sans ces yeux pour la mort, il n’y a rien. La mort n’existe pas. Sans ce regard du mourant sur le guetteur, le deuil est impossible. Fermer les yeux du mort ne tourne pas la page. Au contraire. Le livre reste grand ouvert. Il est tous les livres à lui seul. L’encombrer de paroles bibliques est juste un frisson à la surface du ciel. Il faut laisser dans son cœur le livre ouvert. S’inquiéter lorsque l’on trouve des réponses. Rester nu pour s’attacher un jour des eaux de vivre, ébloui par l’autre corps. Que notre dernier cri ne soit qu’un souffle pour remercier sur l’autre berge tout ce qui nous fut précieux.
Nuit alors n’en revient pas
de se souvenir
Nuit ne ressemble
à rien
mais regrette
le mystère
Dos au mur
nuit se lasse
d’être en haut
Les ombres raccommodent
la nuit à l’ourlet
des robes et du monde
Nuit ne doit pas durer
sans crier
un jour de plus
Si tu ne veux pas la nuit
tu ne pourras plus
sortir de toi
Nuit est mouvement
qu’on fixe dans l’élan
de la récolte
[…]
Dominique Sampiero, La vie est chaude, Éditions Bruno Doucey, Collection Embrasures, 2013, pp. 38-39-40.
DOMINIQUE SAMPIERO Source ■ Dominique Sampiero sur Terres de femmes ▼ → [Certains livres se souviennent] (extrait du Maître de la poussière sur ma bouche) → Chante-perce (lecture de Marie-Hélène Prouteau) → Où vont les robes la nuit (lecture de Marie-Hélène Prouteau) ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur Ici et Là, le blog de la Maison de la Poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines) une note de lecture de Jacques Fournier sur La vie est chaude de Dominique Sampiero → (sur le site de l'Université de Nantes) un entretien entre Bruno Doucey et Dominique Sampiero (22 janvier 2013) → (sur le site de la Maison des écrivains et de le littérature) une notice bio-bibliographique sur Dominique Sampiero → (sur Esprits Nomades) une page sur Dominique Sampiero → (sur le site de Jean-Michel Maulpoix) « La fièvre lyrique de Dominique Sampiero », par Jean-Michel Maulpoix |
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Je voudrais tant entrer dans ce poème... Je suis au bord, je le frôle mais le chagrin du regard qui se ferme laisse le guetteur que je suis dans l'ombre de la mort. L'éblouissement, d'où viendra-t-il ? Quel bourgeon de lumière éclatera dans cette nuit irréversible ? dos au mur, corps tétanisé par l'absence, je cherche dans ce poème non une réponse, car il ne résout rien mais une réconciliation, une modulation, un trou dans la clôture... un effort pour apprivoiser la nuit.
Merci.
Rédigé par : christiane | 07 février 2013 à 15:36