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SENZA NOME. SARTIGLIA
A Oristano, sulla costa occidentale della Sardegna oltre la quale c’è solo la Spagna, il martedì di Carnevale si tiene uno dei riti più antichi dell’isola : Sa Sartiglia. Un uomo chiamato « su Componidori » viene vestito da tre donne che gli applicano sul viso una maschera di legno senza nessuna caratteristica: liscia, bianca e androgina. E’ una maschera che annulla l’identità del singolo e non ha espressione. Almeno fino a pochissimo tempo fa, lo stesso nome della persona che avrebbe rivestito il ruolo del Componidori era segreto. Il Componidori dunque non ha sesso, non ha età, non ha nome. Il suo compito è guidare i cavalieri del suo gruppo, del suo gremio, tutti ugualmente mascherati in una corsa che ha come fine quello di infilzare con la lancia una stella, in spagnolo sartiglia, sospesa a un filo sottile.
La vestizione si svolge nel più assoluto silenzio. Una volta finita, il corpo del Componidori non può più toccare terra. Sale a cavallo direttamente da un tavolo che è quasi un altare chiamato « sa mesida ». Da quel momento non dovrà più mettere piede a terra. Per non cadere, per combattere la paura e l’impotenza, farà affidamento solo sulla forza delle gambe. Vivrà come in sogno diventando tutti gli uomini e le donne che è stato e i cui nomi si confondono fino a essere perduti.
Antonella Anedda, “Aria” in Salva con nome, Poesia, Arnoldo Mondadori Editore, Collana Lo Specchio, Milano, 2012, pagina 11.
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SANS NOM. SARTIGLIA
Le mardi de Carnaval, à Oristano, sur la côte ouest de la Sardaigne au-delà de laquelle il n’y a plus que l’Espagne, se déroule l’un des plus anciens rituels de l’île : Sa Sartiglia. Un homme, que l’on nomme « su Componidori », est habillé par trois femmes qui posent sur son visage un masque en bois sans traits caractéristiques : lisse, blanc et androgyne. C’est un masque dénué d’expression qui gomme l’identité de celui qui le porte. Jusqu’à une période encore récente, le nom même de celui qui devait jouer le rôle du Componidori était gardé secret. Le Componidori n’a ni sexe, ni âge, ni nom. Son rôle est de diriger les cavaliers de son groupe, de sa corporation, tous également masqués, dans une course dont le but est de transpercer d’une lance une étoile (en espagnol sartiglia) suspendue à un fil très fin.
La cérémonie de l’habillage a lieu dans le silence le plus absolu. Une fois l’habillage terminé, le Componidori n’a plus le droit de toucher le sol. Il monte sur son cheval depuis une table qui ressemble à un autel, appelée « sa mesida ». À partir de cet instant, il ne lui est plus permis de mettre pied à terre. Pour ne pas tomber et pour combattre la peur et la défaillance, il ne devra compter que sur la force de ses jambes. Il vivra comme dans un rêve, incarnant tous les hommes et les femmes qu’il a été et dont les noms se confondent jusqu’à totale disparition.
D.R. Traduction inédite d’Angèle Paoli
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NOTE d’AP : cette année, Sa Sartiglia d’Oristano se déroule du 10 au 12 février.
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Quel mystérieux rituel...
"Il vivra comme dans un rêve, incarnant tous les hommes et les femmes qu’il a été et dont les noms se confondent jusqu’à totale disparition."
Fascinant...
Rédigé par : christiane | 10 février 2013 à 18:01