Photocollage, G.AdC
Budapest, quatrième jour. Le 18 et le 19, foule compacte, j’étais à demi évanoui, serré dans un coin, j’ai dédicacé des montagnes de livres, les gens parlaient, je sentais leur haleine sur mon visage, ils ne m’ont pas laissé dîner, je n’ai même pas pu avoir un verre d’eau. Voilà ce qu’on appelle affection et popularité. Rouge de colère, Magdi m’a traîné vers la sortie. — Hier, lecture de la première partie du roman ; sentiment de triomphe. Je me demande comment je vais pouvoir organiser ma solitude créatrice. (Tiens, même ma langue n’est pas la mienne — ai-je jamais écrit des mots comme “solitude créatrice” ?) La visite de Judit à Auschwitz. J’ai inventé cet épisode important au milieu de la cohue, de ma fatigue immense, aveuglante. — Dans deux jours, nous partons pour l’île de Madère, avec une quantité infinie de livres et mon ordinateur. Une ou deux questions se posent, concernant ma valeur en tant qu’écrivain, à savoir l’absurdité du fait que, d’un coup, mes livres sont vendus à des centaines de milliers d’exemplaires. Qu’est-ce que cela change ? Question inutile, je crois ; je ne veux pas me voir dans le regard des autres. Je dois me démarquer de l’image de Kertész qui circule dans le monde. (Je ne suis toujours pas habitué à entendre mon nom ; je ressens toujours de la peur quand il est prononcé.) — Absurdités politiques ; mon nom est devenu une marque déposée qu’ils utilisent comme une hallebarde pour s’entretuer, le couvrant de saleté. Tout abandonner, partir, retourner à Berlin, travailler.
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IMRE KERTÉSZ Source ■ Imre Kertész sur Terres de femmes ▼ → 9 novembre 1929 | Naissance d’Imre Kertész |
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Imre Kertész, le prix Nobel, a un homonyme, André Kertész (1894-1985), un immense photographe.
Amicizia
Guidu ______
Rédigé par : Guidu Antonietti di Cinarca | 23 décembre 2012 à 12:30
Imre Kertész a reçu le prix Nobel de littérature pour son "œuvre qui
dresse l'expérience fragile de l'individu contre l'arbitraire barbare de
l'histoire". Je reste bouleversée par un de ses livres : Kaddish pour
l'enfant qui ne naîtra pas et par ces dernières lignes :
"Au cours de ces années je suis arrivé non seulement à quelques prises
de conscience décisives,[qui] s'enchevêtraient et se mêlaient intimement
à mon destin (...)... creuser, continuer et finir de creuser cette tombe
que d'autres ont commencé à creuser pour moi dans les nuages, dans les
vents, dans le néant.(...)Parfois, comme une martre pelée qui aurait
survécu à la grande extermination, je traverse encore la ville. (...)...
je scrute les alentours d'un œil effrayé, je veux m'enfuir mais quelque
chose me retient.(...)
sombrer
mon Dieu !
faites que je sombre
pour l'éternité,
Amen.
Rédigé par : christiane | 23 décembre 2012 à 15:46