Source MARC ALLÉGRET ET ANDRÉ GIDE
20 novembre 1987
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Source MARC ALLÉGRET ET ANDRÉ GIDE
20 novembre 1987
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Rédigé le 20 novembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (1)
Image, G.AdC UNE VOIX, DU PROFOND DU THYMOS Ouvrir un livre de Caroline Sagot Duvauroux, c’est se lancer à la rencontre d’une énigme, accepter de « se délivrer de l’étreinte du logos ». Accepter de s’affronter à la multiplicité des formes, des équations déroutantes, des inventions et bifurcations que prend le texte en cours de lecture. Accepter de se laisser dérouter, porter et déporter. Déconcerter. Énigme ? Le titre, Le Livre d’El d’où, n’en est-il pas une à lui seul ? Musical ― s’agit-il d’une chanson enfantine, d’un jeu d’onomatopées bondissantes d’un Dé à l’autre ? ― D’El/D’où ―, ce titre est grammaticalement inclassable : s’agit-il d’une affirmation ou au contraire d’une interrogation ? Qui est El, se demande le lecteur ? Est-il une nouvelle épiphanie ? Semblable à celle de ce Dieu caché dans le prénom Emmanuel ou dans celui des archanges Michel et Gabriel ? Est-ce un livre d’inspiration divine, dans la lignée du Livre d’Ezéchiel ? Un prolongement du Livre d’Isaïe ? Ou peut-être de celui de Judith ou de Ruth ? D’où vient El ? D’où vient-elle ? Elle, Caroline Sagot Duvauroux ? À feuilleter les pages du livre, on s’aperçoit qu’il est conçu tout d’une traite, sans sections internes qui en ralentiraient la marche, en déstructureraient le rythme, en briseraient le souffle ou en affaibliraient le « thymos ». C’est qu’avec Caroline Sagot Duvauroux, on se trouve en effet dans le souffle. Sa phrase suit à l’écrit la même force que sa parole. Pythique. Rien n’arrête la houle des mots, si ce n’est la ponctuation particulière qui anime les pages, ouvrant sur d’autres perspectives, d’autres traverses et d’autres vagabondages de lecture. Toute une mosaïque de signes ― pyramides de points et virgules, irruption de croches et de silences, sans parler des signes isolés comme « , y ! » ― ponctue la surface de la page et crypte le texte. Différents pavés de textes ayant leur typographie spécifique, bribes grammaticales, listes de conjonctions, locutions, prépositions, amorces d’alexandrins raciniens ― « sans que de tout le jour » ―, diversement espacés, isolant bien les paragraphes, jouent leur propre partition. Certaines expressions sont composées en douces lignes ondulées (« entre l’Afrique et l’Andalousie », p. 155) ; des clapotis de mots hésitants, onomatopéiques, cherchent leur origine lointaine dans les terres arides et aimées du « causse millénaire ». Une réflexion sur la mise en espace dans le périmètre de la page, sur son animation en dehors des mots, préside à l’écriture. Texte pictogramme, texte cryptogramme. Dédié à une mystérieuse équivalence : « à = toi », Le Livre d’El d’où s’ouvre sur le pictogramme « d’où », ― que l’on pourrait lire « j’ai » (en raison d’une transcription hésitante ou maladroite). Les premières lignes de l’incipit du récit (ou du poème ? Caroline Sagot Duvauroux n’en est pas elle-même très sûre) livrent la réponse quant à l’énigme posée par ce titre : du tatouage porté sur l’avant-bras gauche de M. naît Le Livre d’El, El, syllabe finale du prénom MichEl. Caroline Sagot Duvauroux ancre à Tanger [résidence cipM, en collaboration avec l’Institut français Tanger/Tétouan, septembre-octobre 2011] le point de départ de l’écriture de son dernier ouvrage, « un an après la mort de celui qui incarna » pour elle « la force et la faiblesse d’amour, j’ai d’où, c’est lui. » Tout ce que possède désormais la poète tient dans ce signe « sésame », et c’est à partir de ce signe qu’elle se lance à la recherche d’El, de sa voix et de leur histoire, même si, comme elle le confie : En amont du Livre d’El, un autre livre, Le Buffre (Barre parallèle, 2010), consacré au pays dans lequel s’origine l’écriture, lieu-dit « battu par les vents », sur le Causse Méjan, auquel se raccroche le travail des femmes. De lui à elle ; d’Elle à El, le lien se tisse du Buffre au Livre d’El : « Tanger. J’y suis. Programme de bulbe : dessiccation des feuilles mortes, poche à poussière, sac à dos vissé par l’œil à l’Espagne des châteaux d’autres. Sur la montagne après la mer on voit deux lacs ― verts ― fixes ― dans un paysage de mâchoires. Je dirai les visages aux abords du Buffre. Celui d’après cueillette quand le vent résonne au beffroi. » Beffroi, buffre ? Un même mot pour dire la « langue védique » du vent. Et, quelques pages en amont : « D’où annonce le livre d’El que le buffre tient relié par ses ruptures à la besogne d’un qui est moi. Ni plus ni moins. » Et la poète de définir en quelques mots, liée à la rencontre de sa vie, l’entreprise qui est la sienne : « Un jour, un homme, la terre, le monde, et raconter. » Amour et mort, ― « cette rengaine » contre laquelle Caroline Sagot Duvauroux se rebiffe ―, Le Livre d’El est né de cette blessure, prolonge par l’écriture l’être ensemble de l’un avec l’autre. De baie en baie, comme « par défaut », le livre se construit, qui mêle tout le désordre du présent du passé dans la même métaphore inventive : non encore
moment d’achèvement du livre, ainsi défini : « Mon année dans la baie de personne. » D’ailleurs, « quel intérêt de raconter tout ça », s’interroge la poète, perdue dans le « piétinement effaré » de ce qui ne parvient pas à se dire ? Pourtant, le livre d’où poursuit son aventure, poussé par la nécessité d’assembler, de rabouter une forme à une autre, de pousser plus avant le geste et la voix. « Comment dire ? Cela crie mais ne dit plus rien », écrit Bernard Noël que Caroline Sagot Duvauroux cite en exergue de son ouvrage. Derrière le maître, sous son égide, la poète cherche. Elle égrène sur la page des mots vides de sens – comme jamais / jusqu’à / pourtant / ou bien… –, par respect pour tous ceux qui croient « qu’entre les conjonctions du récit, des choses pouvaient se dire ». Elle prélève dans le texte principal des mots qu’elle dépose sur la page en regard, écho affaibli, « matériaux » épars, disséminés par la tempête du dire. Chemin faisant, la poète fait appel à d’autres « bulles », tracte derrière elle d’autres histoires ou d’autres moments de la même histoire, s’abandonne à ses doutes, replace El au centre, langue de douleur et de désespoir : « C’est tout qui manque. Je ne peux franchir la chose derrière quoi tout se cache. » Avec le retour à Crest, la langue s’enivre de son mystère. La poésie s’élance qui gagne en fureur et en fulgurances. « Chaque souffle invente une forme qui en épouse une autre pour les mille et unes nuits de l’oiselle. Au palais des quatre vents chaque histoire invente une autre histoire. » Illusoire et trompeuse, la phrase est au cœur de la traque. S’égarant dans ses propres bifurcations, elle s’enroule sur elle-même, semeuse de tant de sens épars qu’il lui faut chercher « sur les terres battues de vent, le silence qui la défera de phrase »… La phrase devient être à part entière, « elle court et s’emballe », pareille à El, « tension vers », « corps accueillant » le cœur de l’âme. « Core soul ». Quant à El, tour à tour prince, torero, champion de tennis (« Game Nadal »), El, le héros, l’unique, le pirate devient El Buffre, parfaite symbiose avec le paysage aimé du Causse. Dans ses moments de pure incandescence, Caroline Sagot Duvauroux se lance dans des conversations-dialogues entre El, le torero velu au tatouage d’où qui accueille en lui le taureau, et Elle, la rainette verte. Une voix de gorge sourd alors du profond du thymos. Une voix où être, une fois que le terrible a eu lieu, dans la survivance du prince vaincu. C’est là, dans l’ampleur de ces admirables échanges, que le texte atteint sa plus émouvante beauté. |
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Rédigé le 19 novembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (1)
Ph., G.AdC WISH: METAMORPHOSIS TO HERALDIC EMBLEM
In this parlour my grandchildren
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MARGARET ATWOOD Source ■ Voir aussi ▼ → le site de Margaret Atwood → (sur le site de L'Encyclopédie canadienne) une bio-bibliographe (en français) de Margaret Atwood → (sur le blog De Bloomsbury en passant par Court Green) une note consacrée au Journal de Susanna Moodie (+ de nombreux extraits du recueil) |
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Rédigé le 18 novembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
[OBLIGÉ D’ÊTRE ICI] Ph., G.AdC …obligé d’être ici (L’inanité des mots). Parce qu’il faut pour chaque jour une forme. Pour, vertical, tenir dans les remous et la dissolution de soi. Travailler à une forme (écrire que je sache !), pour qu’au milieu de chaque jour il existe une forme « qui tienne », ne serait-ce que pour y camper (provisoire abri), le temps de reprendre ses forces, poser son sac avant de se remettre en route, traverser la maison claire, de soi-même ressortir…
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CLAUDE ADELEN Ph. © Didier Pruvost @ Flammarion Source ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de France Culture) une notice bio-bibliographique sur Claude Adelen → (sur le site de la mél [Maison des écrivains et de la littérature]) une fiche bio-bibliographique sur Claude Adelen → (sur Belles Lettres Diffusion Distribution) une fiche sur Obligé d’être ici de Claude Adelen |
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Rédigé le 17 novembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (1)
Diptyque photographique, G.AdC VIVRE C’EST CELA !
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■ Voir aussi ▼ → (sur le site des éditions Verdier) une fiche sur Petite table, sois mise ! (+ revue de presse) |
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Rédigé le 15 novembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
Source Samedi 14 novembre Clara est passée en coup de vent ce matin, un cadeau à la main : la correspondance entre Virginia Woolf et Lytton Strachey qui vient de paraître en français. En me tendant le paquet, menton relevé et ton théâtral à la Louis Jouvet, elle a dit : Vous connaissez la chanson, mademoiselle Yaël Koppman ? Seul le travail procure des satisfactions profondes et durables. Et elle a marqué la liaison avec le et (zédurables), comme il est d’usage pour cette antienne familiale, héritage commun de nos grands-pères respectifs et néanmoins frères, Simon le communiste et Henri le religieux.
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MARIANNE RUBINSTEIN Ph. © Sandrine Expilly Source ■ Voir aussi ▼ → (sur le site des éditions Albin Michel) la fiche de l’éditeur sur Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel [PDF] → (sur terrafemina) un entretien avec Marianne Rubinstein ■ Virginia Woolf sur Terres de femmes ▼ → 25 janvier 1882 | Naissance de Virginia Woolf → 14 décembre 1922 | Première rencontre Virginia Woolf-Vita Sackville-West → 18 février 1927 | Lettre de Virginia Woolf à Vita Sackville-West → 5 mai 1927 | Virginia Woolf, La Promenade au phare → 11 septembre 1940 | Virginia Woolf, Journal d'un écrivain → 28 mars 1941 | Mort de Virginia Woolf → 21 septembre 1993 | Orlando de Virginia Woolf, au Théâtre de L’Odéon → Virginia Woolf, Flush (note de lecture) → Sombrer dans le bleu (note de lecture sur Le temps passe) → Virginia, lectures croisées |
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Rédigé le 14 novembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
Ph., G.AdC X Traversée de l’herbe nue J’ai marché ce matin sur un rayon de soleil J’ai su que j’étais là où je devais être à cet instant sans impatience Oubli oublieux de toute mémoire dans la rature de l’instant présent en coïncidence avec le multiple Porte battante de l’écriture Rester à l’envers du mot là où le sang bat, la vie ne se ride pas, le doute n’a pas prise Glissée entre deux organes devenus feuillages la Part du Souffle
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GENEVIÈVE BERTRAND Source ■ Geneviève Bertrand sur Terres de femmes ▼ → Dire et redire (extrait d’À bouche décousue) → Voyage au pays des papesses... → (dans l'anthologie Terres de femmes) [L’araignée règne sur l’enfance] ■ Voir aussi ▼ → (sur Cursives 74) un entretien avec Geneviève Bertrand (entretien mené par Odette et Michel Neumayer, mars-juin 2009) + une bibliographie → (sur Dépositions, le Blog d’Olivier Bastide) Geneviève Bertrand/Une idée de la poésie (+ une bio-bibliographie) |
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Rédigé le 13 novembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (1)
Ph., G.AdC [EL ECO DISPONIBLE QUE ES LA VIDA] El eco disponible que es la vida necesita localizar su fuente, encontrar la vibración original, el espacio sonoro anterior al primer movimiento y la sombra sonora que proyectó la primera palabra. A menos que la fuente del sonido no esté al comienzo del tiempo, sino al final, al cierre de esta cruel transparencia. La vida no sería entonces otra cosa que una corriente al revés, un eco ambulatorio separado o quizás expulsado hacia atrás de su fuente, un eco que siempre retrocede. O más todavía : un eco sin un sonido como origen, un eco siempre disponible, la fatal repeticíon de un sonido inexistente.
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■ Roberto Juarroz sur Terres de femmes ▼ → [Au jour le plus beau] (poème extrait de Quinzième poésie verticale) |
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Rédigé le 12 novembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (1)
Ph., G.AdC « OUBLI, SAVANTS DÉCOMBRES » Voix sans tain échos sans voix, Mémoire, ce qui demeure est poésie du silence. Partition pour voix éteintes, voix des êtres et voix seules, interrogation sur le chevauchement et le glissement des unes sur les autres, le recueil de Pascal Commère est une lente et longue litanie d’hommes de la campagne de bêtes et de « choses » appartenant à un passé depuis longtemps révolu. De ce monde muet, douloureux, et comme absent à lui-même, Pascal Commère tente de restituer les contours et les bruits à travers les trois sections réunies sous un même titre qui oriente la lecture, du côté de la mémoire, « pédalier grippé » qui laisse trace dans la poussière. De sorte que coucher des mots sur ce silence est entreprise délicate, voire improbable. Essayons, tout de même, sotto voce, de couler notre voix dans les « brisures » ouvertes par le poète. Emprunté aux deux premiers vers du poème d’ouverture de la troisième section ― « D’une voix tue, brisures » ―, le titre de l’ouvrage ― Mémoire, ce qui demeure ― ancre la poésie de celui qui revient en ses terres, dans un cheminement patient le long du sentier de halage de la mémoire. « Mémoire ― ce qui demeure, De ces deux vers se diffuse le mystère d’une poésie née du tremblé des mots, images entraperçues à travers la vitre embuée d’une fenêtre. S’ouvre alors un monde rural aux tesselles indistinctes, « Fragments d’espace, détachés / d’un cadastre en soi connu de tous. » Un univers de guingois prend place de page en page, villages aux maisons penchées où hommes et bêtes se meuvent dans leur ombre, femmes vouées à leurs travaux de lingères et à leurs sangs. Monde obscur, replié sur ses gestes et ses silences : « (les fenêtres sont petites servent si peu) ». Qui sont-ils ? – « corps de femme sur la brique / corps de ferme ». D’où issus ? Les anciens sans doute, tous ces êtres familiers qui ont précédé en ce lieu-même celui qui parle et qui revient, ce fils à qui la mère écrit, au seuil du recueil, « d’une encre qui retient la cendre / d’une blessure. » Lui, dont le retour ajoute une ombre aux autres ombres. Pourtant, « d’un angle mort sous le papier » surgissent les « mots qui serrent ». Pour nommer quoi, interroge le poète, sinon « le crépitement chuinté du lait / contre la paroi du seau. ― La cloche de sept heures, sans beaucoup plus de sens. » Et le poète s’obstine : « Les répéter, ciel et salive ensemble. » Ainsi, qu’il s’agisse des poèmes de « Terre – Alors, et Alentours » (première section), « D’une voix tue, brisures » (troisième section) ou des courtes proses de la seconde section ― « Fenêtres La Nuit vient » ―, le poète tire-t-il de l’enfouissement – « oubli, savants décombres » ― le monde qui fut celui des siens. Par fragments et par variations autour du même, il recompose le monde passé. Comme suspendue entre les parenthèses qui émaillent chaque poème, la vie est là, à l’identique, dans ses formes simples : « (Les enfants ne pèsent pas, l’averse / les soulève des marelles) » ou encore « (Les saisons sont des femmes / en froid avec leurs sangs) ». Plus loin : « (il pleut. Des mains de cuir manœuvrent / près des ― salines) » ou bien : « (Leurs voix-cassées, maisons les ramassent) ». Ou encore : « (Les villages pendent derrière les pluies) ». Ailleurs, dans la seconde section, solitaires sur la page de gauche (en bas de la page), les phrases en italiques semblent une fenêtre ouverte sur la page de droite : Les mêmes menus objets, les mêmes marques sur le visage – « les verrues sous les paupières » ―, le même chien jaune, la même vacuité, traversent le recueil. Au long de cette variation sur l’identique, quelque chose bouge, un tremblé à peine, qui passe par l’inventaire des formes et des lieux, trouve ses liens dans la couleur (rouge, jaune, bleu, noir) ainsi que dans la présence obsédante des mains et des yeux. Vides, absents ou aveugles, pareils à des boutons cousus, les yeux se détachent du visage, vivent leur vie propre : « Leurs yeux alors, / sortent-rentrent plus tard qu’eux ». De même les mains. Bleuies par les lessives et par le froid, les mains « s’occupent seules ». Elles « vont devant dans les journées », indépendantes, « remisées / dans la pièce aux outils. », le soir. « La nuit, retour au ventre. » Un même détachement gagne peu à peu le poète, signe sans doute de son appartenance à ce monde, de sa grande proximité avec lui : Une même étrangeté le questionne et l’étreint : Des « yeux germés » aux « mains serrées », « l’os règne », impose son ordre, identique pour tous, hommes et bêtes, liés qu’ils sont « au destin des bêtes de boucherie. » Dans cet univers immobile et rude où hommes et bêtes se rejoignent (« Les hommes ont rentré leur bêtes leur visage »), le temps est à la lenteur, au presque rien qui s’amenuise dans la brisure, voix et visage cassés. Brisées, elles aussi, les phrases se serrent sur leurs ellipses : « En quoi/ se reconnaître ? » interroge Pascal Commère. « Où être ? » Et que faire de tout cela qui tourmente la mémoire, blessure et « cicatrice, déjà » ? Quel sens donner à ce qui persiste encore « dans les intervalles »? Peut-être oser les mots, même si la phrase trébuche, puisqu’on revient toujours et que les mains, gardiennes de la mémoire, « savent » ? Se remettre à l’ouvrage et, patiemment, Et de cette geste humble de poète, aborder doucement « le sommeil long, l’hiver ». |
PASCAL COMMÈRE Source ■ Pascal Commère sur Terres de femmes ▼ → Lettre de la mère (extrait de Mémoire, ce qui demeure) → [La courbe des fumées là-bas] (poème extrait de Territoire du Coyote) → Territoire du Coyote (note de lecture d’AP) → [Blanche, la gelée aux quatre coins] (poème extrait de « Songe du petit cheval déplacé en terre franque ») → Sur la poussière → [Crayonné paysage] (poème extrait de « Sur une ligne de crête en Toscane ») ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur Terre à ciel) une page consacrée à Pascal Commère (nombreux extraits + notice bibliographique) → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Pascal Commère → (sur le site de France Culture) Pascal Commère dans Ça rime à quoi de Sophie Nauleau (émission du 13 mai 2012) |
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Rédigé le 11 novembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)
WILLIAM CLIFF ■ William Cliff sur Terres de femmes ▼ → Cape Cod, 7 (extrait d’America) → Lahore, 7 (extrait d’En Orient) → [Réquiem pour l’enfance] (extrait de Matières fermées) → Au printemps (extrait du Temps) → 30 mai 2003 | William Cliff, Le Pain Quotidien ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de la SGDL) une bio-bibliographie de William Cliff |
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Rédigé le 10 novembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (0)