[CE MATIN EN ME LEVANT]
ce matin en me levant je n’avais
aucune envie de faire quelque chose
pas même de ramasser un navet
même l’idée de manger m’indispose
je vois quelqu’un qui passe mais je n’ose
frapper au carreau car en ce bas monde
cela ne se fait pas il est immonde
d’interpeller quelqu’un sur le trottoir
même si la beauté qui tant abonde
nous fait croire à je ne sais quel espoir
lundi 10 novembre 2003, à Sart-Risbart
où un jeune passe en promenant son chien
[DANS LA MAISON QUE L’ON DIT « DE L’ARRIÈRE »]
dans la maison que l’on dit « de l’arrière »
je suis parti à la tombée du jour
pour ramasser quelques pommes de terre
abandonnées là-bas sur les labours
le soleil enflambait de couleur rouge
tout le ciel en s’enfonçant dans les champs
les tubercules pesaient lourdement
dans le sac où je les avais jetés
et en marchant j’avais l’air d’un manant
qui emporte un trésor qu’il a volé
Gembloux, 10 novembre 2003,
rentrant de ma promenade à Penteville
William Cliff, Le Pain Quotidien, La Table Ronde, 2006, pp. 62-63.
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NOTE d’AP : William Cliff a reçu le Grand Prix de la SGDL (Société des gens de lettres de France) pour l’ensemble de son œuvre à l’occasion de la publication, en 2006, du Pain Quotidien. L’année suivante, en 2007, il a reçu le Grand Prix de poésie de l’Académie française.
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