Ph., G.AdC
[DUELS DE LUMIÈRE]
Duels de lumières
élargissant le ciel jetant le rose dans le bleu
roulant du vert au jaune sous la langue
et sur la mer
c’est du coup le dénuement du sens
son vide à l’horizon
voici sa pauvreté sa dilution dans un espace
trop lavé
tu respires mal
tu enfonces tes mains dans le sable
pour éprouver
pour tenir
un désert s’étend dans les mots
tout s’évide et se creuse
il n’y a plus de signes
rien sinon l’implacable fourmillement des choses
du verre sous les paupières un craquement du
silence
mourir dans ces brisements
Claudine Bohi, La plus mendiante, Le bruit des autres, 2007, page 32.
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Une lumière qui consumerait les couleurs et, dans le vide creusé par cette lente disparition, le chant grêle d'une femme, intranquille. L'écriture s'ouvre sur la mer, séparée. Un temps insignifiant se sédimente dans le poème. Plus de repères. Les mots remontent à cet avant de la lumière. La femme, immobile, muette se soustrait au monde du temps perdu, en deuil de sa parole, en perte de son écriture. Réduction à un présent de disparition. Pétrification. Énigme.
Mais rien n'est arrêté, juste en attente... dans la vibration du silence.
Magnifique.
Rédigé par : christiane | 28 octobre 2012 à 09:53