Ph. angèlepaoli
C’EST TOUT C’EST BLANC (excipit)
Au seuil aura gagné.
Vert tance le retour, le fruit va disparaître.
Tu auras accroché, la porte est un lambeau de feu, une brindille souple. Sa forme consume le regard : l’espace de ton ciel posé, à mi-chemin (étoile d’une espérance de couleur). Tu pourras revenir, l’heure n’importe pas – elle a cessé de
croire.
Seule avance en retrait du souffle la main prête à saisir. Tu remontes, nul ne voit qu’une course contre le vent s’est précipitée. Petite fontaine, tu auras la clarté du secours.
Nous espérons (murmures témoignent). Nos mains closes sur le sel ont souvenir de la neige. L’hiver tu as
son espace nu. L’écriture
encre vive du serpent menu noir. Tout peut encore,
à tracer.
Sur l’éphémère rideau du silence (champ du matin après tempête).
Fondera la neige.
Nous nommons le silence,
sa venue attendait dans le retrait d’une page gardée blanche.
Tu peux recommencer. Aimer garde le seuil immobile
d’écrire.
C’est tout c’est blanc.
(L’écrire.)
Isabelle Lévesque, C’est tout c’est blanc (excipit), in Revue Diérèse, Printemps 2012, n° 56, pp. 84-85.
« Isabelle Lévesque, qui rompt constamment avec l’ordre prévisible de la syntaxe et de la versification, délie les mots, les régénère, dégage leur énergie. […] Les poèmes n’expliquent jamais : “à partir du vide”, avec le “silence”, ils érigent cette “ossature” précaire, vacillante, qui accueille les vents, qui ne les retient un instant que pour les rendre à l’infini. »
Pierre Dhainaut, extrait de la préface d’Ossature du silence d’Isabelle Lévesque, Éditions Les Deux-Siciles, Collection Poésie, 77330 Ozoir-la-Ferrière, 2012, page 9.
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