Ph., G.AdC [DONNEZ-NOUS DES PIERRES…] Donnez-nous des pierres... donnez-nous des pierres pour le repos, leur bogue de granit ocre connivente au cœur, en projection l’enlisement des silhouettes jetées, cassées dessus ces marches et toute l’aumône des mouvements d’hommes bordant nos peines comme fleuves équarris à grandes enjambées de désirs qu’on puisse mourir de la longueur d’un arbre ou de son vêt d’ombre jetés bas par le midi trop plein par la touffeur trop dense et quoi ? une main, simple, ses lignes en miroir des vôtres passerelle dessus cette cascade pierreuse une main simple lisse de vouloir escale d’un vivre encore est-ce trop pauvre monde est-ce trop ? Florence Noël |
VASES COMMUNICANTS Chaque premier vendredi du mois, dans le cadre de Vases communicants (un espace polyphonique transversal auquel François Bon via Tiers Livre et Scriptopolis de Jérôme Denis a donné la première impulsion en juillet 2009), des auteurs internautes procèdent à un échange de leurs espaces personnels (textes, photos, pensées,…) sur la Toile. Aujourd’hui, c’est avec grand bonheur que Terres de femmes accueille Florence Noël, éditrice de la revue DiptYque et « pythie » des « dits de la clepsydre » de Panta Rei. Le webmestre de TdF a transcrit et mis en page ci-dessus le magnifique texte (« Donnez-nous des pierres ») que Florence m’a fait parvenir ce matin, et sur lequel Guidu, mon fidèle photographe, a lui-même rebondi, par une évocation forte des « pierres de granit ocre » des torrents de la vallée du Cruzzini. Un de mes textes inédits (« Le brame de la Minotaure », incipit d’un texte en cours d’écriture) a tenu lieu de chjama (texte d’appel à la manière corse des Chjam’è rispondi). Ce texte a été mis en ligne ce jour sur Panta Rei. « Lignes en miroir » contrastées, mais complices, de la Belgique et de « l’île dans l’île » (Cap Corse). Merci à Florence pour sa « passerelle dessus ». Pour prendre connaissance de la liste des rendez-vous des Vases communicants de ce mois de juin, se rendre dans l’espace dédié de Brigitte Célérier, l’une des fidèles animatrices et figures de proue de ces échanges. A.P. FLORENCE NOËL ■ Florence Noël sur Terres de femmes ▼ → un entretien avec Florence Noël → Sarabande (extrait de Branche d’acacia brassée par le vent) → Initiation au crépuscule → [parler de soi] (poème extrait de L’Étrangère) → L’Étrangère (lecture d’AP) → Solombre (lecture d'AP) → [tu dis c’est l’heure jaune] (extrait de Solombre) → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) autant revivre en mon jardin |
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C'est une belle idée ces Vases communicants. Une occasion de découvrir un poète voyageur, ici, Florence Noël.
J'ai suivi le lien pour découvrir la tragique et triste minotaure d'Angèle Paoli sur cette autre revue littéraire et je viens ici, regarder ce poème-ci.
Je dis regarder car toujours je regarde les pierres avant de les toucher. C'est un monde fascinant, une pierre... Ensuite je les tiens ou les caresse avec la paume. C'est plein de vibrations une pierre... une longue histoire d'éclats ou d'effritements. C'est parfois lisse et rond si la mer l'a roulée contre son ventre d'écume et de sable.
Qu'en est-il de ces pierres-là ?
Une bogue... image forte qui enveloppe un mystère charnu... des pierres pour le repos... je pense - au-delà de la mort - aux jardins japonais si calmes où quelques pierres permettent aux pensées de se poser, de se reposer... Plus tard, les mots deviennent obscurs. La poète les a voulus ainsi pour que ses mots calcinent la langue. C'est à peine transmissible, un émiettement du dire, un lieu secret pour la paume, un effleurement. Quelque chose de perdu - ou à perdre - comme une innocence. Des mots engourdis d'être soulevés de dessous la pierre, là où elle pèse sur le monde. Comme une solitude qui exige une pudeur du lecteur... silence orant...
Rédigé par : christiane | 02 juin 2012 à 17:58