Ph., G.AdC [CECI EST MA FORÊT] Ceci est ma forêt. J’entretiendrai cette exubérance de piliers, mais que pourraient-ils soutenir, ô maçons ! Et que l’on ait pris soin de balayer le sol quand le feu vient d’en haut, qu’il plonge sur ma forêt ! Ceci est ma forêt. Est-ce ma maison ? Cela ne se règle pas par un jeu d’écriture. Et si c’est une maison, elle est ouverte. Non pas cette porte en face de moi, ces silhouettes. Ouverte à tout autre chose. À ce tout autre qui est là, que les piliers ne peuvent contenir. Ouverte, simplement ouverte comme une déchirure de lumière. Une déchirure, oui. Les piliers ne sont là, qui paraissent soudain s’épanouir, vivre, que pour m’épauler. « Suis-moi… » Je retrouve en moi ce début de phrase. Je m’arrête à ce début. Si encore je pouvais m’accomplir en tant qu’homme, me hausser un tout petit peu. Leçon de piliers sans doute. Si encore j’étais capable de me repêcher, n’est-ce pas ? (St Séverin) 87a
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"Suis-moi...". Si on ôtait le trait d'union on pourrait lire " (je)suis moi". Être comme on s'accomplit... Être en se suivant, en suivant son rêve de soi...
Un lieu pour retrouver l'échancrure de lumière quand tout est sombre et qu'on se perd en soi : la forêt. Si belle, si forte, si fragile. Qu'un feu peut néantiser.
Ces troncs, cette canopée, ces mousses et ces sèves... et son monde de plumes et ses petites bêtes douces et farouches et ce silence juste bercé par le vent et le craquement des écorces.
Pierre-Albert Jourdan n'en finit pas de m'apprendre à "être". Je suis heureuse qu'il revienne sur les Terres d'Angèle avec ses mots furtifs.
"Suis-moi"... je m'arrête et j'entre dans la forêt des mots.
Rédigé par : christiane | 05 mai 2012 à 14:30