Ph., G.AdC LE GESTE Il faudrait tenter l’expérience d’inciser un texte banal. Et jauger sans préjugés la transformation de l’objet et le contenu final de l’expérience. Inventer un art de la segmentation. Un peu comme on taille les arbres en automne. Comme on pratique l’art de la greffe. J’ai inventé que Fra Angelico novice au couvent des Dominicains de Fiesole prenait conseil du jardinier ― frère convers ― pour la taille des branches et des boutures. Il distinguait les branches à fruits ― les branches gourmandes ― les branches de faux bois ― les branches chiffonnes. Et le nom des cires à greffer ― la poix de Sienne ― la poix noire ― la résine ― la cire jaune ― le suif de mouton. De cent membres et visages qu’a chaque chose, j’en prend un tanstost à lécher
seulement, tantost à effleurer, et par fois à pincer jusqu’à l’os. Michel de Montaigne
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PAUL LOUIS ROSSI Source ■ Paul Louis Rossi sur Terres de femmes ▼ → Mémoire du temps (extrait de Visage des nuits) → 26 août 1995 | Paul Louis Rossi, Le Cahier rouge (autre extrait de Visage des nuits) ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de la Mél, Maison des écrivains et de la littérature) une fiche bio-bibliographique sur Paul Louis Rossi |
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Je ne sais pas si ceci est un poème mais ce qui est écrit, ici, donne accès à la poésie, à l'art, à la pensée. Nous sommes dans un monde de fragments, surtout ici, sur internet et sur les Terres d'Angèle. Fragments, symboles d'un "autour", incitant au voyage, à la connaissance, à une lecture approfondie d'un ouvrage. Les fragments sont déchirures, lacérations, sélections ou restes de ce qui a été. Ils nous transforment en archéologue pour trouver d'autres fragments qui feront sens, langage. Le poème (en lien) de Paul Louis Rossi, comment le greffer sur cette méditation du fragment ? Il y a une violence dans le fragment, un tel inachèvement des mots.
Ici : "Un geste" : inciser un texte banal pour voir..; pour greffer peut-être autre chose des mots. Entendre ce que ça fait dans les yeux, voir ce que ça fait à l'oreille. Prendre le hasard pour aller à la rencontre. Dissocier, associer, prélever... reconstituer.
À la vérité le fragment nous introduit à l’angoisse de l’incomplétude et de la destruction, écrit P. L. Rossi. N'est-ce pas plutôt la réalité qui est fragmentaire et angoissante ? Et le poète songeur devant l'apparaître des choses ? un aveu d'obscurité, une approche à tâtons ? un retrait ? Il marche, patient, ignorant, nu, égaré, répandant sur le silence le calme de ses mots...
Rédigé par : christiane | 02 mai 2012 à 14:26