Ph., G.AdC
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ANISE KOLTZ Source ■ Anise Koltz sur Terres de femmes ▼ → L’Ailleurs des mots → Automne (extrait du Cirque du soleil) → Béni soit le serpent → [Dans mes poèmes] (poèmes extraits d’Un monde de pierres) → [Gémeau] (poème extrait de Soleils chauves) → [Je suis l’impossible du possible] (poème extrait de Pressée de vivre) → Ouverte (poème extrait de Je renaîtrai) → [Qu’ai-je emprunté à la chair maternelle ?] (poème extrait de Galaxies intérieures) → Les soleils se multiplient (poème extrait du Cri de l'épervier) ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur Les Carnets d'Eucharis) une note de lecture de Georges Guillain sur le recueil Je renaîtrai (+ extraits) → (sur Exigence : Littérature) une note de lecture de Françoise Urban-Menninger sur le recueil Je renaîtrai → (sur le site des éditions Arfuyen) une page consacrée à Anise Koltz → (sur Lyrikline) dix poèmes extraits du Porteur d’ombre (2001), dits par Anise Koltz |
PRIX DES DÉCOUVREURS DE POÉSIE Fondé en 1997 par la ville de Boulogne-sur-Mer sur la proposition de Georges Guillain, poète et collaborateur de la Quinzaine Littéraire, ce prix est soutenu par la ville de Boulogne-sur-Mer, le ministère de l’Éducation Nationale et le ministère de la Culture, le Printemps des Poètes, la DAAC de Lille, le CRDP… Il est inscrit au Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale du 27-08-2009. Le Prix des Découvreurs de Poésie est décerné par un jury national constitué de lycéens et de collégiens de classe de troisième. Près de 2 000 d’entre eux, répartis sur une cinquantaine d’établissements, ont participé, tout au long de l’année et dans toute la France, à l’édition 2011-2012. Ci-dessous, un entretien de Georges Guillain avec Odile Bonneel pour le magazine inter CDI N° 236 (mars-avril 2012) qui présente le Prix des Découvreurs de Poésie. 1- Quels sont les enjeux du Prix des Découvreurs de Poésie pour les jeunes ? Chère Odile, d’abord merci pour ton intérêt. Les enjeux dont tu me parles sont multiples. Et pour une bonne part assez faciles à deviner. Pour ne parler que de l’essentiel qui est peut-être aussi le moins souvent souligné, je crois qu’avec le Prix des Découvreurs peut s’affirmer davantage cette école de l’ouverture à la différence ou à l’altérité que l’époque – tendant à une colonisation croissante des esprits au nom d’un rationalisme économique et technocratique morbides ― rend de plus en plus nécessaire... Pour ne pas parler des replis identitaires de tous bords ! Je reste intimement persuadé que l’aptitude à passer, par exemple, d’une poète arabe d’origine syrienne parlant de la condition des femmes dans notre pays, au travail d’une jeune poète performeuse exprimant dans le langage d’aujourd’hui, sur un mode apparemment déjanté, l’angoisse de ne pas être à la hauteur des attentes de la vie, en s’arrêtant sur le tête-à-tête avec le monde et le soin de sa propre mort d’une Luxembourgeoise de haute culture de près de 90 ans, ne peut qu’ouvrir l’intelligence sensible et profonde des jeunes en les détournant de ces fausses identités simplistes auxquelles on veut les ramener ou les contraindre. Sur un autre plan, saisir à quel point les écritures contemporaines peuvent être libres et diversifiées ne peut qu’autoriser chacun à s’inventer son écriture, son expression propres. À comprendre aussi que l’objectif d’un apprentissage n’est pas de se soumettre à un moule, de façon définitive, mais d’acquérir, au bout du compte, une plus grande liberté. C’est ce qui ressort la plupart du temps des rencontres avec les auteurs. 2- Comment se fait la sélection des poètes ? Que donne-t-on à lire à nos ados ? Je suis toute l’année et presque chaque jour à l’écoute de ce qui se fait dans le milieu poétique avec lequel je suis en relation à travers des réseaux à la fois nombreux et variés. Ce qui me permet de proposer à la sélection des ouvrages très différents tant dans leurs formes, leurs contenus, leur degré de difficulté que par la personnalité de leurs auteurs. J’ai soin également de mettre en évidence la grande diversité éditoriale qui subsiste ― mais pour combien de temps encore ? ― aujourd’hui. La présélection à laquelle j’aboutis sera proposée cette année à la discussion d’un comité de sélection composé de professeurs inscrits dans l’opération depuis un certain temps, de quelques élèves volontaires amenés par eux ainsi que de représentants institutionnels tels qu’un représentant de la Municipalité de Boulogne-sur-Mer, de la Bibliothèque Municipale et de la DAAC (Délégation académique Arts et Culture) de Lille. Je m’entretiens aussi régulièrement de ces propositions avec le Printemps des Poètes qui est officiellement notre partenaire depuis l’origine ou presque. Ce qu’on donne à lire aux jeunes ce sont donc des textes adultes, extrêmement diversifiés, parfois déroutants – comme la vie – qui cassent un peu, beaucoup, passionnément… la représentation simpliste, caricaturale, souvent trop sentimentale, et comme le dirait Witold Gombrowicz, « cucullisante », qui domine le plus souvent dans les esprits. Nos jeunes auront à trouver parmi ces textes et en fonction de leur sensibilité propre celui qui leur parle le plus, entre le mieux en résonnance avec leur expérience particulière et retentit le plus profondément en eux. Ils n’ont pas à charge de tout lire. Et chacun de la même manière. Simplement d’aller chercher par des procédures nécessairement personnelles, intimes même, plus ou moins élaborées aussi, ce qui est de nature à nourrir leur imaginaire de vie. 3- Peux-tu témoigner sur la dynamique de lecture avec les élèves ? Comment se sont-ils approprié le prix ? Je pourrais, Odile, t’apporter de multiples témoignages, le prix existant depuis une quinzaine d’années. Prenons les tout derniers qui me restent en tête : je rencontrais hier un professeur de mon ancien lycée qui me disait à quel point ses élèves de premières s’étaient montrés intimidés, presque angoissés au moment d’entrer dans l’opération. C’est que, pour une des rares fois de leur vie scolaire, ils passaient de la position de « sujets » soumis à l’autorité, à celle de « Sujets » disposant officiellement du pouvoir de juger. Cette expérience n’est pas anodine. Et peut se montrer, à qui sait bien la gérer dans sa classe, particulièrement dynamisante. Je me rappellerai toujours aussi ces élèves d’une première d’adaptation du lycée Ribot de Saint-Omer qui avaient eu la chance de rencontrer le lauréat de l’année, Ludovic Janvier, une première fois dans leur établissement, une seconde à Boulogne-sur-Mer le jour de la remise du prix et qui, interrogés à l’oral du Bac sur la poésie et sur certains textes de la sélection, s’étaient retrouvés avec des notes fantastiquement élevées parce qu’ils avaient eu cette fois l’occasion de faire découvrir à leur examinateur « des choses qu’il ne connaissait pas ». L’inventivité des professeurs donne à la participation de leurs élèves toutes sortes de prolongements. Au collège Verlaine de Lille, et ce n’est qu’un exemple, les deux professeurs qui ont lancé leurs classes dans l’opération en profitent pour faire réaliser par leurs élèves de petites chroniques radio diffusées régulièrement sur le net grâce à la plateforme toutenson [http://goo.gl/lbk7N]. Ce qui s’est passé l’année dernière dans la classe de 3e5 du collège du Bras d’or d’Écuires, près de Montreuil, me semble particulièrement révélateur. Voici des élèves catalogués faibles ou en difficulté qui, grâce encore au dynamisme et à la confiance de leur professeur, franchissent le pas, se mettent à lire, à choisir, puis à écrire. Ils constituent de petits cahiers de poésie, rencontrent avec moi Maram al-Masri, lisent avec elle ses textes, puis les leurs, et viennent finalement à la remise du Prix où ils seront les seuls à lire leurs propres créations devant plus d’une centaine de leurs camarades lycéens. Deux d’entre eux continuent d’ailleurs à correspondre par mail avec Maram. Deux élèves adorables aux vies malheureusement abimées. Et dans la foulée, tu vois, la classe a remporté un prix au concours annuel de la Ligue des Droits de l’Homme ! 4- Un ou deux souvenirs marquants, emblématiques, émouvants sur les différentes éditions du prix… Pour ce qui est de l’émouvant, l’exemple précédent n’en est pas dépourvu. Comme l’est pour moi le fait de constater que la plupart des participants restent fidèles à l’opération. Qu’ils l’attendent chaque année pour y lancer de nouveaux élèves. Ce qui me touche particulièrement, ce sont toutes ces rencontres où l’intervention de l’écrivain, du poète ont libéré un peu de la vie comprimée trop souvent par les rigidités scolaires. Beau de voir un regard s’allumer. De sentir des présences s’éveiller. De recueillir parfois des confidences. Et, c’est un peu l’idéale visée qui est la mienne, assumées jusqu’au bout toutes les différences d’âge, de sexe, de conditions et bien entendu d’expressions : savoir entrer à travers la chaleur et le pouvoir des mots, dans une relation confiante d’humain à humain singuliers. De vrais humains vivants. |
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J'ai ouvert tous les liens et lu la force de cette reconnaissance méritée.
Anise Koltz... Vladimir Jankélévitch... des interrogations gémellaires...
"Alternativement la pensée survole l'accident de la mort et glisse, sans le comprendre, sur un mystère qui est le néant de notre être et le rien de notre tout : le pourtour mystérieux du problème - voilà l'impensable par lequel notre pensée est réduite au silence."
Jankélévitch, La mort au-delà de la mort (chap. III), in La Mort, Flammarion, page 428 .
Sur ce silence, Anise Koltz lance les dés des mots...
Rédigé par : christiane | 04 mai 2012 à 16:38