Source [JE SUIS VENU ICI] Je suis venu ici Voir les Indiens, les grandes mesas, Les Indiens Hopis, cœurs du ciel. La danse du serpent appelle la pluie. Ainsi je suis venu ici Au Woodlawn Cemetery. Sur la tombe de Melville et de son fils Malcom Ce bouquet de fleurs jaunes Du Désert de la mort rapporté ici Sur la pelouse ombragée Alors que mon père se vide de son sang Et va mourir. Il me souhaite un bon voyage Lui qui va bientôt partir S’est tourné vers le mur. Le dernier mur. Le dernier murmure. Et moi que suis-je venu faire ici par un lent détour Si ce n’est retrouver sa vie ? Jean-Claude Caër, « Per fretum Febris », Sépulture du souffle, Obsidiane, Collection Les Solitudes dirigée par François Boddaert, 2005, page 18. |
JEAN-CLAUDE CAËR Source ■ Jean-Claude Caër sur Terres de femmes ▼ → Alaska (lecture de Marie-Hélène Prouteau) → Devant la mer d’Okhotsk (lecture d’AP) → Lectures sous le signe de l’ours (extrait d’Alaska) → En route pour Haida Gwaii (lecture d’AP) → Mémoires du Maine (extrait) ■ Voir aussi ▼ → (sur le site des Éditions Obsidiane) une page consacrée à Jean-Claude Caër → (sur remue.net) une note de lecture de Jacques Josse sur Sépulture du souffle de Jean-Claude Caër |
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Il marche, il marche et ses pas deviennent les lignes d'une route de mots. Une frontière entre la terre et l'eau le conduisant vers sa filiation, là où la mort touche la vie, là où la vie touche les mythes. Une frontière incertaine où un autre monde le guette à l'intérieur de sa mémoire. Un monde de légendes qu'il faut nommer pour que les ténèbres se dissipent. Un jour il est parti pour se trouver. D'où est venu ce désir ? Il a rencontré beaucoup de paysages, d'hommes - ceux qui connaissent les secrets d'un monde ignoré -, de bêtes, de rivages. Il a marché sur ces terres froides et soudain ça a surgi. La mue d'un corps à l'autre, désemparé. Le fils devenant père du père, frontière du monde de l'enfance.
C'est un lent travail d'écriture, fragile, solitaire, fugitif, douloureux qui s'enroule comme une incantation autour du père agonisant. Mourir à soi...Un trou dans l'âme... enfance et mort... mort et voyage...
Rédigé par : christiane | 18 avril 2012 à 17:20
C'est bien cette belle photo en noir et blanc. Neige sur le cimetière de Woodlawn, dans le Bronx, à New York.
C'est bien cette musique de Brad Mehldau puisque dans ce lieu reposent Lionel Hampton, Duke Ellington, Miles Davis.
C'est bien ce lien (éditions Obsidiane) qui me fait approfondir la lecture du poème. Cette route qui s'interrompt devant la tombe de Hermann Melville... Moby Dick... la baleine blanche... des rêves... le fils aussi...
Ici, sur Terres de femmes, les images apprennent au lecteur à relire... à relire encore et à lentement suivre les mots des poètes...
Rédigé par : christiane | 18 avril 2012 à 20:58