Ph., G.AdC [JE SUIS CELLE QUI SE VOUE À LA FLAMME] Je suis celle qui se voue à la flamme, dis-tu. Et moi, dormeur debout ou marcheur allongé, je me vois pactiser avec le corps du feu. Nu parmi les encres sèches, avant de retourner à la boue, avant que chaque mot me dépossède sous sa feuille de verre, je me vois qui écoute, émerveillé, où ton ventre respire, dans le magma pur des origines, le bruit que fait une chute insignifiante. Où plus rien ne résonne, tu te lèves, tu es la vivante. Sur l’univers de ta peau, je consacre chaque centimètre. Et voici, dans l’incertain pays, je touche la violence, et la douceur de cette violence, quand tu dis : désastre de l’enfant intérieur. Puis j’imagine le cocotier au doux sexe dans une seule graine, et le doreur sur trempe qui dit : on a toujours deux vies. C’est bien ici. Les amoureux se reconnaissent à leur façon de trouver des anagrammes aux prénoms de la terre. Ils rient pour faire de la conversation une œuvre d’art. Sur ce rebord du monde qui nous rendra tous étrangers, je suis un corps debout qui tient le paysage. Mes pas ne veulent plus être qu’aujourd’hui, le repos, la vie sauve, les mots reçus du beau témoin tardif. La terre est ce grand jour mêlé qui sépare les eaux dans les éclats du temps. Dominique Sorrente, « IX Esquisse pour la vivante », C’est bien ici la Terre, Éditions MLD, 2012, pp. 88-89-90. Préface de Jean-Marie Pelt. |
DOMINIQUE SORRENTE Source ■ Dominique Sorrente sur Terres de femmes ▼ → [À défaut de livre, au moins cette promesse de poème] (poème extrait d’Il y a de l’innocence dans l’air) → C’est bien ici la terre (note de lecture de Laurence Verrey) → C’est la terre → Écueils → J’écris comme on décide par fragments → Je t’envoie ma chanson des jours bleus → Le temps sans rideaux → [L’humeur est passe-partout] (extrait de Tu dis : rejoindre le fleuve) → Pays sous les continents → [Les rideaux] (extrait des Gens comme ça va) → Le Scriptorium | Portrait de groupe en poésie ■ Voir aussi ▼ → (sur le site du Scriptorium de Marseille) un Portrait de Dominique Sorrente |
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Enfouissement ou renaissance ?
Quel étrange marcheur que celui qui effrite ses mots dans l'épaisseur d'un rêve d'encres sèches... Quelle douceur légère dans ce satin d'or posé sur le corps aimé. Mouvance de flammes...
Et ce rire d'écume salée sur le rebord du monde là où l'étrave de l'amour sépare les eaux dans les éclats du temps...
C'est le chant d'Orphée.
Rédigé par : christiane | 12 avril 2012 à 12:11