Ph., G.AdC PARFOIS Parfois je te rêvais la clé de tous les lieux, des abrupts, des arides comme des bienheureux. Tes gestes moutonnaient, ta parole, appuyée au chambranle du vent, était lampe allumée au seuil du vieux pays. Parfois je te voulais de chaume et d’ajoncs. Tu ne disais rien des maisons rapiécées, des tiges bancales, mais quand le grand ciel d’hiver tisonnait la peupleraie morte, déjà tu maraudais sous la terre les couleurs boréales. Je te parlais de visages ébranchés, de tas de mots, jetés ici et là, recouverts de mousse têtue. Tu t’insinuais alors sous la fente du jour et soulevais à pleines mains les murs dégringolés, le salpêtre des heures inassouvies. Parfois je te pensais sillage et chemin de verveine. À vouloir alléger le ciel de ses pensées nocturnes, tu recevais des ailes par brassées. Parfois je savais ton toucher de fougères, ta peau, loquace, qui s’accroissait d’un arpège. Le lit, grand et défait, valsait dans l’univers. Brigitte Broc poème inédit pour Terres de femmes (D.R.) |
BRIGITTE BROC ■ Voir aussi ▼ → Fileuse de lune, le blog de Brigitte Broc → (sur le site de la Mél [Maison des écrivains et de la littérature]) une fiche bio-bibliographique sur Brigitte Broc → (sur Les Carnets d'Eucharis de Nathalie Riera) un autre poème de Brigitte Broc (+ une note de Nathalie Riera) → (sur Danger Poésie d’André Chenet) d’autres poèmes de Brigitte Broc |
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Ce poème apporte beaucoup de bonheur. Il semble si léger, si évident et pourtant des mots nous surprennent, perçant le langage comme les petits crocus du printemps. Ils font mémoire en nous pour inscrire l'indicible de la tendresse : les gestes moutonnent, les visages sont ébranchés, les mots se recouvrent de mousse têtue... et l'on entre dans l'anthologie enchantée comme en forêt de Brocéliande.
Rédigé par : christiane | 17 mars 2012 à 19:07