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MÉMOIRES DU MAINE
(extraits)
Je n’ai pas vu de baleines souffler au large, mais demain
je pars pour le Maine. La nuit tombe autour des phares jumeaux
qui ne s’allument pas. J’ai marché le long de la mer.
Tous les gens qui marchent le long de la mer se ressemblent.
Ce qui pousse là ? La rumeur des rivages les berce.
À Gloucester, après le bar des Seven Seas,
j’ai salué la modeste demeure d’Olson. Il vivait ici dans le Fort
face à la baie d’Ipswich, devant une manufacture et un fabricant
de glace.
Depuis que je suis parti, je n’ai vu que des arbres en feu.
Je pense au pays tel qu’il devait être.
D’Indiens, il n’y en a plus. Il ne reste que l’automne,
les arbres enflammés, telles les plumes de ceux qui ont disparu.
Et moi-même je ne suis qu’un pèlerin sur l’immense plage
d’Ogunquit. Mais qui regarde encore les pattes d’oiseau ?
Trouvant un petit caillou en forme de baleine,
je le mets dans ma poche.
Le pays, Thoreau, Les Bois du Maine.
Ces bois où l’on peut se perdre et disparaître,
où l’on sent la vie qui s’égrène lentement
comme une parenthèse ouverte entre nos doigts.
Jean-Claude Caër, Mémoires du Maine in En route pour Haida Gwaii, Obsidiane, 2011, pp. 13-14.
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