« Maintenant il me reste à rejoindre mon hôtel, palace pour fêtes légales & là, [...] à regarder l’eau du canal tressaillir, frémir, s’allonger, s’ouvrir » Source DANS LE SILLAGE DES MOTS La sentence tombe de la bouche des morts. Des barques sous la mer comme autant de filles dénudées, retournées sur le ventre. Celles qui vont toujours trop vite. Pour en faire plus ! Des barques sous la mer afin de rejoindre ce qui, depuis toujours, donne un sens à nos actes. Mots déchiquetés, ensanglantés mais encore capables de se battre pourtant. Il faut parler, parler encore, puisque les mots prennent leur valeur (leur saveur également) en passant par le larynx. Parler pour avoir moins peur. J’ai combattu jusqu’à l’extrême. Maintenant il me reste à rejoindre mon hôtel, palace pour fêtes légales & là, allongé sur un lit, chaussures encore boueuses aux pieds, à regarder l’eau du canal tressaillir, frémir, s’allonger, s’ouvrir ! Je ne fréquente pas les églises et leurs chefs-d’œuvre. La lagune s’en moque. Elle laisse la porte ouverte sur le tout petit jour quand passe devant moi un remorqueur au moteur sans âge. Debout. Droit, face au vent se tient l’homme gouvernail. Sa silhouette attise le sentiment de beauté solitaire. Ainsi suis-je à la fois celui qui écrit mais également cet autre qui prend sur lui de lire des manuels militaires à l’usage du bataillon de mouettes de l’infanterie de marine. Kra ― kris ― kro ― kas ― kis ― kris ― krea ― kra ― ker ― kar ― kru ― kas Franck Venaille, La Guerre au plus près in C’est à dire, Mercure de France, 2012, pp. 114-115. |
FRANCK VENAILLE ■ Franck Venaille sur Terres de femmes ▼ → [J’avais mal à vivre] (extrait de Ça) → [Ce que je suis ?] (extrait de C’est à dire) → [J’attendais] (extrait de Tragique) → [On marche dans la fêlure du monde] → [Quand la lumière née de l’estuaire] → San Giovanni (extrait de Trieste) → Un paysage non mélancolique ■ Voir aussi ▼ → (dans Le Monde) une note de lecture du metteur en scène Wajdi Wouawad sur C'est à dire de Franck Venaille (13 janvier 2012)[document Word] → (sur le blog de La Quinzaine littéraire) « À la marge de l’effacement », par Norbert Czarny (note de lecture sur C'est à dire de Franck Venaille [1er mars 2012]) |
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