RAPHAËLE GEORGE Née Ghislaine Amon, le 2 avril 1951 à Paris, Raphaële George est morte d’un cancer généralisé à l’hôpital Saint-Louis, à Paris, le 30 avril 1985. Elle venait tout juste d’avoir 34 ans. Peintre et poète, elle a publié en 1977, sous son vrai nom (Ghislaine Amon), son premier livre : Le Petit Vélo beige aux éditions de l’Athanor (réédition Éditions Lettres Vives, 1993. Préface de Jean-Louis Giovannoni) et a fondé, avec le poète Jean-Louis Giovannoni, les Cahiers du Double (1977-1981). Ont été publiés aux Éditions Lettres Vives (Collection Terre de poésie), sous le pseudonyme de Raphaële George (Ghislaine Amon quitta son nom pour celui de Raphaële George pour « n’être que sa propre naissance » comme elle avait coutume de le dire) : Éloge de la Fatigue, précédé de Les Nuits échangées (achevé d’imprimer le 2 avril 1985. Préface de Pierre Bettencourt ; 2e édition, 1986) et Psaume de silence suivi de Journal (posth., octobre 1986. Présentation de Jean-Louis Giovannoni). En 1980, Raphaële George a co-écrit avec Jean-Louis Giovannoni L’Absence réelle, « correspondance posthume-imaginaire de Joë Bousquet à un jeune écrivain » (Éditions Unes, 83490 Le Muy, achevé d'imprimer le 2 avril 1986). Deux de ses livres ont été traduits en allemand et publiés, en édition bilingue, aux Éditions Jutta Legueil : Les Nuits échangées suivi de Éloge de la fatigue (Nächte im Tausch et Lob der Müdigkeit, Stuttgart, 1990) et Psaumes de silence (Psalm des Schweigens, Stuttgart, 2003). En avril 2014, un inédit de Raphaële George, Double intérieur, sera publié chez Lettres Vives, précédé de la réédition de L’Absence réelle. ■ Raphaële George sur Terres de femmes ▼ → Double intérieur (lecture d’Isabelle Lévesque) → Feu noir sur feu blanc, ou comment lire Raphaële George ? (chronique de Gisèle Berkman) → Ghislaine Amon (Raphaële George) | [Ne parle pas, ne dis rien] (extrait du Petit Vélo beige) → [Amour] → [On ne devrait jamais arrêter d’écrire, ce qui est poésie surtout] (extrait de Je suis le monde qui me blesse) → [On ne devrait jamais arrêter d’écrire, ce qui est poésie surtout] (extrait de Je suis le monde qui me blesse) → Suaires (extrait de Double intérieur) → 2 avril 1951 | Naissance de Raphaële George (+ extrait de Double intérieur) → 22 août 1978 | Raphaële George, feuilles éparses → 7 juin 1982 | Raphaële George, Journal → 30 avril 1985 | Mort de Raphaële George ■ Voir aussi ▼ → le site Raphaële George, créé par Jean-Louis Giovannoni |
LA MAIN DE RAPHAËLE GEORGE (avril 1986) J’ai pris ton stylo-plume pour écrire ces quelques lignes ; ce stylo-plume où l’encre ne vient pas. Ne vient plus. Et j’ai eu peur d’appuyer, très peur de forcer cette faible résistance, ce peu qui conduit une main à son tracé. ** Comment rejoindre ce qui ne peut rester dans sa propre trace ? Comment rejoindre ce mouvement, venu de l’invisible des mots, que la clarté des pages efface ? ** Et pourtant, j’ai insisté ; insisté comme un aveugle cherche une main pour guider sa main afin de ne plus marcher dans le vide qu’ouvrent ses pas. ** Chaque mot inscrit sur cette page te tient éloignée, te place hors de cette forme qui te donnait lieu à mes yeux. ** Et si mes pas te portent encore un peu : ce n’est pas toi que je bouge ! Comment bouger ces gestes immobiles logés dans l’acier de la plume ? ** Comment faire pour qu’une main rejoigne une autre main, et que les mots, tracés sur la page, ne s’absentent pas ? ** On écrit parce qu’au fond des mots on nous appelle ; ces mots où notre main cherche sans cesse une autre main. Aucun mot ne prend forme si en lui rien ne sait rejoindre. ** Est-ce ta main cette impossibilité qu’à ma main de trouver son propre chemin ? ** Ce qui résiste, au fond de l’acier, est-ce ta main fermée à tout jamais sur elle-même ? ** Écris-tu, maintenant, dans ce silence où les mots se retiennent en eux-mêmes ? Avant la page. Avant l’espace. (Rue de Montreuil, avril 1986) __________________________________________________ Note d’AP : ce texte de Jean-Louis Giovannoni a été écrit pour le premier anniversaire de la mort de Raphaële George, et publié une première fois aux Éditions Brandes (Béthune, 1986). Jean-Louis Giovannoni nous l'a fait parvenir pour une republication exclusive dans Terres de femmes. |
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