Eugène Delacroix, Le Christ au tombeau, 1847-1848 Huile sur toile, 162,6 x 132,1 cm Boston, Museum of Fine Arts Source 1er mars 1847 | Journal d’Eugène Delacroix 1er mars.― Faire pour l’escalier du Luxembourg des scènes de la Révolution et de l’Empire avec personnages allégoriques : La Patrie guidant les Volontaires, la Gloire couronnant Napoléon, etc. L’Afrique vaincue, nos soldats se jetant à la mer pour en prendre possession. ― La bataille d’Isly, traitée poétiquement. ― L’Égypte soumise au génie de Bonaparte, etc. ― Je me suis mis, après mon déjeuner, à reprendre le Christ au tombeau : c’est la troisième séance d’ébauche ; et, dans ma journée, malgré un peu de malaise, je l’ai remonté vigoureusement et mis en état d’attendre une quatrième reprise. Je suis satisfait de cette ébauche, mais comment conserver, en ajoutant des détails, cette impression d’ensemble qui résulte de masses très simples ? La plupart des peintres, et j’ai fait ainsi autrefois, commencent par les détails et donnent l’effet à la fin. Quel que soit le chagrin que l’on éprouve à voir l’impression de simplicité d’une belle ébauche disparaître au fur et à mesure qu’on y ajoute des détails, il reste encore beaucoup plus de cette impression que vous ne parviendriez à en mettre quand vous avez procédé d’une façon inverse. ― Projeté toute la journée d’aller m’enterrer dans une loge en haut, au Mariage secret.* Après dîner, le courage m’a manqué, et je suis resté lisant Monte-Cristo, qui ne m’a pas préservé du sommeil.
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■ Eugène Delacroix sur Terres de femmes ▼ → 26 avril 1798 | Naissance d’Eugène Delacroix → 6 octobre 1849 | Journal d’Eugène Delacroix → 1er mai 1850 | Journal d’Eugène Delacroix → 1er juillet 1854 | Journal d’Eugène Delacroix |
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"...Quel que soit le chagrin que l’on éprouve à voir l’impression de simplicité d’une belle ébauche disparaître au fur et à mesure qu’on y ajoute des détails...". Ça c'est vraiment très subtil. Il faut continuer, toujours, au risque de perdre la justesse de la première esquisse, du premier jet, travailler. Cette force on la trouve dans ses carnets de croquis, ses dessins. Je me souviens de mon émerveillement en 1988, parcourant l'exposition Delacroix et Byron Chassériau et Shakespeare. J'ai sous les yeux l'affiche de l'expo avec un croquis inachevé - étude pour Mazzepa : un cheval fougueux traînant son cavalier blessé. Une merveille parmi tant d'autres vues alors... Mais respect aussi pour le travail patient qui mena Delacroix à nous laisser des toiles achevées superbes.
Elle est vraiment très riche cette éphéméride et toujours surprenante !
Une question : cette hantise existe-t-elle aussi dans l'écriture d'un poème ?
Rédigé par : christiane | 01 mars 2012 à 11:09