Le 8 janvier 1928 naît à Sainte-Agathe-des-Monts (Québec) Gaston Miron. Source Poète d’expression française, Gaston Miron incarne l’identité québécoise et domine de sa personnalité la poésie contemporaine de son pays. En 1947, Gaston Miron s’installe à Montréal où il pratique divers métiers tout en suivant des cours à l’université. En 1952 paraissent ses premiers poèmes. L’année suivante, avec un groupe d’amis, Miron fonde les Éditions de l’Hexagone et publie, en collaboration avec Olivier Marchand, Deux sangs. Militant de la cause indépendantiste québécoise, Miron crée en 1959 la revue Liberté. Conscient du rôle déterminant que peut jouer la poésie dans un pays qui se cherche, Miron organise de nombreuses lectures et rencontres poétiques. De 1959 à 1961, il séjourne à Paris où il fréquente les poètes français et s’initie au travail de l’édition. À son retour au Québec, il reprend ses activités de poète engagé tout en continuant à écrire. En 1970, ses œuvres dispersées dans les revues sont rassemblées. Publié en France en 1981, L’Homme rapaillé, œuvre unique sans cesse augmentée, a été récompensé par le prix Guillaume Apollinaire en 1983. Ci-dessous un poème issu de ce recueil, poème choisi pour Terres de femmes par la poète québécoise Claudine Bertrand. SUR LA PLACE PUBLIQUE recours didactique Mes camarades au long cours de ma jeunesse si je fus le haut-lieu de mon poème maintenant je suis sur la place publique avec les miens et mon poème a pris le mors obscur de nos combats Longtemps je fus ce poète au visage conforme qui frissonnait dans les parallèles de ses pensées qui s’étiolait en rage dans la soie des désespoirs et son cœur raillait la crue des injustices Maintenant je sais nos êtres en détresse dans le siècle je vois notre infériorité et j’ai mal en chacun de nous Aujourd’hui sur la place publique qui murmure j’entends la bête tourner dans nos pas j’entends surgir dans le grand inconscient résineux les tourbillons des abattis de nos colères Mon amour tu es là, fière dans ces jours nous nous aimons d’une force égale à ce qui nous sépare la rance odeur de métal et d’intérêts croulants Tu sais que je peux revenir et rester près de toi ce n’est pas le sang, ni l’anarchie ou la guerre et pourtant je lutte, je te le jure, je lutte parce que je suis en danger de moi-même à toi et tous deux le sommes de nous-mêmes aux autres les poètes de ce temps montent la garde du monde car le péril est dans nos poutres, la confusion une brunante dans nos profondeurs et nos surfaces nos consciences sont éparpillées dans les débris de nos miroirs, nos gestes des simulacres de libertés je ne chante plus je pousse la pierre de mon corps Je suis sur la place publique avec les miens la poésie n’a pas à rougir de moi j’ai su qu’une espérance soulevait ce monde jusqu’ici. Gaston Miron, L’Homme rapaillé, Presses de l’Université de Montréal, 1970, pp. 271-272. |
GASTON MIRON Source ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de Jean-Michel Maulpoix) Gaston Miron, le rapailleur, par Jean-Michel Maulpoix → (sur YouTube) Gaston Miron récite quelques poèmes, dont La Batèche (extrait de André Gladu, Gaston Miron. Les Outils du poète, Montréal, Les Productions du lundi matin, 1994) → (sur le site de Radio Canada) Gaston Miron : parole de poète (date de diffusion : 31 octobre 1975) |
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Un poème stupéfiant!
Bonne Année Angèle, et merci
Rédigé par : délivré | 08 janvier 2012 à 20:49
mille mercis
bise
de claudine
Rédigé par : claudine | 08 janvier 2012 à 21:29