[PER UNA VIA CHE SALE LENTA]
Ph., G.AdC
Per una via che sale lenta,
verde tratturo in mezzo al bosco,
oggi vado. E’ silenzio intorno.
Anche la brezza che, montana,
soffia assidua, qui non arriva.
E me ne vado in compagnia
solo dell’aria e di me stesso.
Ma ecco, appena giungo in cima,
il rumore e il vento del mondo.
[JE VAIS PAR UN CHEMIN QUI MONTE À PEINE]
Je vais par un chemin qui monte à peine,
draille de verdure dans la forêt.
Le silence m’entoure.
Même la brise, qui souffle sans cesse
en montagne, ne parvient pas ici.
Je vais avec pour toute compagnie
l’air et moi-même.
Mais au sommet, voici
la rumeur et le vent du monde.
Remo Fasani, Novenari | Novénaires, Éditions de la revue Conférence, 2011, page 40. Édition bilingue. Version française de Christophe Carraud. Illustrations de Pierre-Yves Gabioud.
Né le 31 mars 1922 à Mesocco, dans la vallée italophone des Grisons, Remo Fasani, professeur (puis professeur honoraire) de l’Université de Neuchâtel où il a occupé la chaire de langue et littérature italiennes, est mort à Grono de Mesocco dans la nuit du 26 au 27 septembre 2011.
Spécialiste de Dante, traducteur de Baudelaire, de Mallarmé et d’Éluard, Remo Fasani a aussi publié une vingtaine de recueils de poésie. En 2006, Limmat Verlag a publié une anthologie bilingue de ses poèmes (Der Reine Blick auf die Dinge) avec une étude de Georges Güntert, et, en 2008, les éditions Samizdat ont publié un choix de ses poèmes traduits par Christian Viredaz sous le titre : L’Éternité dans l’instant, avec une préface de Philippe Jaccottet.
« … enfin commence, mais commence seulement, la réparation d’une négligence scandaleuse, qui a laissé presque totalement dans l’ombre l’œuvre d’un poète de la Suisse italienne […]. Honte à nous tous, critiques et poètes d’ici. Mais passons. Et puissent très bientôt d’autres poèmes de Remo Fasani être traduits, avant tout les plus accomplis peut-être, ces Novénaires écrits par un poète déjà presque octogénaire. [...]
[...] ce grand connaisseur de Dante et grand lecteur de Hölderlin, a compris très tôt que la poésie serait pour lui la tâche à la fois la plus haute et la plus humble. Aussi est-il resté étranger au tapage des avant-gardes comme aux proclamations trop souvent simplificatrices des poètes dits “engagés”. Ce fils de paysan a peut-être appris l’essentiel, dès l’enfance, en maniant le grand râteau de bois dans l’herbe des alpages, compagnon des bêtes et des plantes, soumis aux saisons, lié en profondeur à l’indéchiffrable univers. Poète, il n’a pas cessé de vouloir dire ce monde, donc d’abord se taire, être inépuisablement attentif ; se taire pour pouvoir dire la pluie, la neige, les crépuscules, la brume, dans le grave enclos des montagnes ; et recueillir tous ces moments de halte et de silence, parfois angoissés, afin que s’en élève le chant le plus vrai. » (Philippe Jaccottet, op. cit. supra, pp. 7-8-9)
dire autre chose que merci parait superflu devant tant de simplicité...
flo
Rédigé par : flo | 08 décembre 2011 à 10:44