« ah ! rien ne restera de nous qu’un arbre foudroyé sur la berge du fleuve [...] Et nous serons alors au seuil de la légende » D.R. Ph. Lucas Jackson Source MORT DU SULTAN DES ASPHODÈLES à la Dame Blanche
à Marie-Jean Vinciguerra
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JACQUES LOVICHI Écrivain corso-provençal d’expression française, Jacques Lovichi* est né à Marseille le 1er février 1937 et (tout en séjournant régulièrement dans la maison ancestrale de la moyenne vallée du Taravu, Corse-du-Sud) a longtemps vécu à La Ciotat, après un long séjour en terre celte (Presqu’île de Crozon, où il a enseigné les lettres). Romancier (Mangrove [Éditions Ipomée, 1982], La Licorne et la Salamandre [Jean-Claude Lattès, 1982], Le Sultan des Asphodèles-Sultaraveddu [Éditions Autres Temps, 1995. Prix du livre corse 1996], Rhotomago et autres fictions subliminales [Géhess Éditions, 2008], etc…), essayiste, critique de théâtre, directeur littéraire, Jacques Lovichi est avant tout poète. Proche des Cahiers du Sud de Jean Malrieu, il entre dans les années 1970 au comité de rédaction de la revue de recherches poétiques Encres Vives, puis à celui de la revue SUD et, en 1998, crée avec ses amis ― Yves Broussard, Frédéric Jacques Temple, André Ughetto, Daniel Leuwers,… ― la revue Autre SUD dont il fut le rédacteur en chef (jusqu’à la disparition de la revue en décembre 2009) . Son œuvre poétique se compose d’une quinzaine de recueils (dont Madrilenas, Insurrections, L’Égorgement des eaux, Rouge Cœur, Glyphes, Définitif provisoire, Mangrove, Fractures du silence [Prix Antonin Artaud 1985], Derrière c’est toujours la mort, Murs, Post scriptum/Post mortem, Mythologies de haute mer). L’essentiel de sa production poétique a été rassemblé dans Les Derniers Retranchements (Le Cherche midi éditeur), qui s’est vu décerner en 2002 le Prix de l’Académie Mallarmé. Le 2 février 2007 (le lendemain de ses soixante-dix ans), Jacques Lovichi a mis fin à son activité poétique. Jacques Lovichi est mort le dimanche 18 novembre 2018. « Si, pour beaucoup de poètes la place qu’ils revendiquent dans le champ poétique semble nécessairement passer à leurs yeux par une profusion de poèmes, une présence jamais démentie sur le front éditorial, il en est d’autres, peu nombreux, qui, comme Jacques Lovichi, ont une idée infiniment plus exigeante de la pratique poétique [...] en peu de pages, la poésie de Lovichi acquiert une évidence, une force, une intensité et une hauteur d’inspiration des plus rares. » (Bernard Mazo, Autre SUD, juin 2002) * « Mon véritable nom est Ghjacum’Anton’Cameddu Louighj. Mes parents, pourtant cultivés, n’avaient pas réalisé qu’ils me donnaient un prénom dans chacune des religions du Livre : Jacob mon prénom hébraïque, Antoine mon prénom romain (mais je suis d’origine huguenote pour encore compliquer les choses…), et Kamel mon prénom musulman. Bien entendu, cela n’a d’importance que pour moi et ne peut être que pur hasard. » (Discours de Brive [2002] : ultime biographie) ■ Jacques Lovichi sur Terres de femmes ▼ → Mourir dans l’île (lamentu) → [la femme qui n’est pas dans ma maison] (extrait de Mythologies de haute mer et autres textes) ■ Voir aussi ▼ → (sur Babel) Y barbara fortuna ! D'un bilinguisme intérieur, par Jacques Lovichi ■ Marie-Jean Vinciguerra sur Terres de femmes ▼ → Bastion sous le vent (lecture d’AP) → Marie-Jean Vinciguerra, Chroniques littéraires (lecture d’AP) |
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Ce poème de Jacques Lovichi crée une impression d'obscurité, une tristesse douce rêvant la trace d'un amour inaccompli, une mémoire éblouie d'arbre foudroyé. Ce sultan des asphodèles est bien seul dans ce moment furtif d'effacement où le soir approche, un instant d'être vacillant. Les mots, presque insaisissables, palpitent comme la lumière d'une étoile qui va s'éteindre. Ne demeure que la présence légère des asphodèles. L'âme du poète semble enveloppée d'une sérénité un peu mystique, un battement de mer, un crépitement de flamme, un silence, un chant de source, le crissement d'une déchirure. Mais la paume de l'amour a laissé son empreinte clandestine sur l'écorce de l'arbre...
Rédigé par : christiane | 04 décembre 2011 à 14:46