Le 17 septembre 1883 naît à Rutherford, village proche de la ville de Paterson, dans le New Jersey, William Carlos Williams.
Médecin de son état, Williams exerça tout au long de sa vie le métier de pédiatre. L’œuvre majeure de Williams est Paterson, « vaste montage, où alternent séquences versifiées — à la syntaxe tourmentée — et collages de proses quotidiennes : archives locales, coupures de presse, lettres et documents divers… La tension majeure du livre réside bien sûr dans cet écart, entre un projet épique (mais hanté par une déroute historique et sociale) et l’extraordinaire invention dont le poète fait preuve, dans la recherche d’une prosodie visuelle qu’il aura été l’un des premiers à concevoir. » (Yves di Manno). : la fierté du pays, le printemps, l’été, l’automne et la mer ; un aveu ; une corbeille, une réplique sans concession à la Grèce et à Rome ; un rassemblement ; une célébration ; en des termes divers ; réduits à l’unité par multiplication ; par audace ; une chute ; les nuages rivés au canal ensablé ; une pause imposée ; l’effort mis à cela ; une identification et un plan d’action supplantant un autre plan d’action ; un raidissement ; une dispersion et une métamorphose. William Carlos Williams, Paterson, José Corti, 2005, Livre I, page 9. Traduit par Yves di Manno. WILLIAM CARLOS WILLIAMS EXTRAIT des IMPARDONNABLES de CRISTINA CAMPO Une anthologie de William Carlos Williams (qu’elle soit restreinte ou même simplement personnelle) est quelque chose de difficile à élaborer. L’œuvre entière du poète se présente en fait comme un journal cosmique, très long et très minutieux : composé jour après jour, morceau par morceau, selon un rythme kaléidoscopique d’écroulement et de recomposition qu’il a lui-même défini dans une lettre célèbre : « La vie, écrit Williams, est surtout subversion de la vie, telle qu’elle était un instant plus tôt : toujours nouvelle et dépourvue de règles. Et dans le vers, pour qu’il soit vivant, quelque chose doit être infusé qui ait la couleur même de l’instable, quelque chose qui ait la nature d’une révolution impalpable. » Une action poétique de ce type ne se réalise pas seulement en vertu de la technique poétique de Williams, dans la ligne folle et délicate de sa syntaxe, dans sa métrique d’une irréductible spontanéité : soutenues toutes deux par des lois sévères et aériennes mais — à l’instar justement des mois de la vie — délicieusement savantes. Elle commence bien avant, elle a sa source dans le regard : fixé avec une merveilleuse constance sur la métamorphose de l’objet, davantage que sur l’objet lui-même. Révolution, comme il l’a dit : du bourgeon et du globe terraqué, des graines et des saisons : accomplissement et désintégration des visages, des villes, des événements. Tendre tragédie, attestée heure par heure par Williams avec un dévouement qui fait parfois de lui — alors qu’il est l’apôtre d’une poétique américaine par excellence — un maître chinois de l’âge classique. La géographie de Williams ne pourra donc être qu’une géographie d’archipels. Et seul un panorama complet de son œuvre nous révélera l’ombre de la terre volcanique d’où émergent ces innombrables Antilles. Mais de même que la fleur (cette héroïne subtile de la saga de Williams) témoigne de l’arbre invisible, chaque vers du poète nous offre déjà dans toute leur pureté les composantes de son art. À commencer par cette coexistence si rare de l’extrême légèreté et de l’enracinement puissant qui est la substance de la poésie : cette saveur maxima de chaque mot dont Williams est un des seuls maîtres vivants. Cristina Campo, « William Carlos Williams » in Les Impardonnables, Éditions Gallimard, Collection L’Arpenteur, 1992, pp. 217-218. Traduit de l’italien par Francine de Martinoir, Jean-Baptiste Para et Gérard Macé. |
WILLIAM CARLOS WILLIAMS ■ William Carlos Williams sur Terres de femmes ▼ → 20 août 1878 | William Carlos Williams, Paterson → Asphodèle → Beauté → [The sea that encloses her young body] (extrait de Spring and all) ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de José Corti) une page consacrée à Paterson → (sur poets.org) une note bio-bibliographique (en anglais) sur William Carlos Williams (+ William Carlos Williams disant A Love Song) → (sur Modern American Poetry) de nombreuses pages consacrées à William Carlos Williams → (sur YouTube) William Carlos Williams lisant son poème « To Elsie » (enregistrement du 9 janvier 1942) ■ Voir encore ▼ → 29 avril 1923 | Naissance de Cristina Campo |
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