[PORTES DU RÊVE] XXI. Portes du rêve en amont du sommeil les feuillages vibrent broderies et dentelles encloses entre les baies arcatures et arceaux frontons brisés envolées de pierre les ombres glissent entre deux couleurs et deux rives errantes silhouettes de feuillages tremblés pétales corolles douces épanouies dans la chair du bois bai qu’avez-vous à confier aux battants qui résistent de n’être point poussés Angèle Paoli, Aux portes de l’île | Portes de Corse, XXI, Galéa Éditions, Bastia, 2011, page 121. Photographies de Philippe Jambert. Note d'AP : pour en savoir plus sur l'ouvrage cité ci-dessus, cliquer ICI. Cet ouvrage est le premier volet d'un triptyque en 3 volumes. Le deuxième volume (consacré aux fontaines de Corse) paraîtra en 2013 et le troisième (consacré aux tours génoises de l’île) en 2014. |
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J’ai toujours rêvé de portes parce qu’elles "ouvrent" et parce que je n’ai jamais souhaité les voir fermées. Et pourtant, c’est plus pour les fermer que les hommes les ont conçues.
Ton poème, Angèle, en dit cependant le contraire, c’est-à-dire ce dont je rêve : des portes en dentelle comme nos petites chemises de nuit brodées de l’enfance pour nous laisser se hisser derrière avec affection, aller au-delà des murs, découvrir le merveilleux des mots dont nous hallucinons sans cesse en persistant à rester plus ou moins innocent(e)s.
Je comprends peut-être mieux aujourd’hui, et autrement, ce « tout poète est un enfant » de Kateb Yacine.
Je n’ai pourtant jamais aimé épier derrière les portes, mais celles des mots, oui, et j’en raffole !
C’est dans ton texte, chère amie, que je rêve ma porte. Ici, ce n’est plus d’une porte ordinaire qu’il s’agit, et c’est une joie inouïe de découvrir plus que du bois sculpté, du bois tissé.
Quand finirons-nous de broder et jusqu’aux sentiers les plus rocailleux et jusqu’aux limites les plus lointaines de nos âmes , jusqu’au cœur du cœur de notre profondeur ? On appelle cela en arabe سويداء , la partie la plus intime de l’affect, du cœur qui pourrait désigner le terme portugais la saudade, suppose un poète.
Et si les femmes n’existaient pas, et si les femmes poètes n’existaient pas, comment les hommes coudraient-ils leurs pas ou leurs portes ?
En arabe, la porte est masculin et la clé aussi. Est-ce raisonnable ?
Je te félicite pour ce très bel exploit et félicite Philippe Jambert qui a su trouver à ses portes la clef qu’il faut, l’ouvre-histoire bien "corsé" qu’elles méritent, ta poésie.
Rédigé par : Mahdia Benguesmia | 18 août 2011 à 19:58
Le rêve en amont du soleil... Oui, je ne peux qu'être d'accord et de l'invitation de répondre à ces battants : "La vie !".
Votre poésie me parle...
Bien à vous.
Rédigé par : Alain Gojosso | 19 août 2011 à 09:29
Cette poésie est superbe, merci Angèle. La photo de couverture du livre est belle... J'aime les portes, et ne sais trop pourquoi en découvrant ces vers j'ai songé aux belles portes des maisons tunisiennes, sans doute parce que la poésie nous emporte, nous fait rêver et fait de nous des voyageurs immobiles.
Belle après-midi.
Rédigé par : araucaria | 19 août 2011 à 14:54
Bravo Angèle pour la sortie de cet ouvrage:ton poème et la belle couverture mettent en appétit. On a la curiosité d'ouvrir les portes!
Rédigé par : Nathalie | 23 août 2011 à 21:37