[QUAND L’AVEZ-VOUS VUE ?] I quand l’avez-vous vue ? ― eh ! bien ? ― son allure ? ― elle mangeait quelque chose et je n’ai jamais su si c’était de l’herbe ― ou moi. ― pourquoi ? vous habitiez l’herbe à ce temps-là ? ― non. mais après l’avoir vue, j’ai disparu. ― vous souvenez-vous d’être mort ? ― un peu, mais je ne suis pas encore venu à la terre, ― sauf ces jours-là et cette fille-là. ― et alors ? comment voulez-vous vivre ? ― en me disant que je ne sais pas mourir. ― comment était-elle ? petite comme le monde, exactement en arrière des choses, ― comme quelqu’un qui va bondir. ― elle a bondi ? ― non. la joie fut fortement cachée ― et sortait de mon côté, bien qu’elle n’était pas en moi, ― au contraire. ― elle était tigre, elle était après la vie, la mort. ― elle était rien. ― elle n’était pas tout ? ― c’est la même chose. Christian Dotremont, Ancienne éternité, Éditions Unes, 1998, s.f. (exemplaire H.C., page 9). |
CHRISTIAN DOTREMONT Source ■ Christian Dotremont sur Terres de femmes ▼ → [Et nous avons traversé toutes sortes de bonnes choses] (autre extrait d’Ancienne éternité) → Kara ■ Voir aussi ▼ → (sur Les Hommes sans épaules) une notice bio-bibliographique sur Christian Dotremont |
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J'ai réellement été enthousiasmée par la subtilité qui émane de ce long poème en plusieurs tableaux, un mélange de surréalisme, de philosophie --"comment voulez-vous vivre ...en me disant que je ne sais pas mourir", d'humour et d'originalité vraie ....j'adore cette éternité-ci.........
Rédigé par : Martine | 23 juillet 2011 à 13:58