Ph., G.AdC LETTRE DU VINGT-SIX JUIN [1954] Que les oiseaux vous parlent désormais de votre vie. Un homme en ferait trop d’histoires et vous ne verriez plus à travers ses paroles qu’une chambre de voyageur, une fenêtre où la buée des larmes voile un bois brisé de pluie… La nuit se fait. Vous entendez les voix sous les tilleuls : La voix humaine brille comme au-dessus de la terre Antarès qui est tantôt rouge et tantôt vert. * N’écoutez plus le bruit de nos soucis, ne pensez plus à ce qui nous arrive, oubliez même notre nom. Écoutez-nous parler avec la voix du jour, et laissez seulement briller le jour. Quand nous serons défaits de toute crainte, quand la mort ne sera pour nous que transparence, quand elle sera claire comme l’air des nuits d’été et quand nous volerons portés par la légèreté à travers tous ces illusoires murs que le vent pousse, vous n’entendrez plus que le bruit de la rivière qui coule derrière la forêt ; et vous ne verrez plus qu’étinceler des yeux de nuit… * Lorsque nous parlerons avec la voix du rossignol… Philippe Jaccottet, L’Ignorant in Poésie 1946-1967, Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 1971, pp. 68-69. Préface de Jean Starobinski. |
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Magnifique ! Merci.
Rédigé par : Ryadi | 16 juillet 2011 à 15:39