Ph., G.AdC | PARFOIS ELLE TEND LE BRAS | Délires son délire d’avant-mort de presque morte tête menue d’oiseau abandonnée au linceul du lit blancheur douloureuse sans forme ni éclat muscles tendus de l’avant-mort visage éteint ouvert sur un temps autre sans frontière sans limite au sommeil éternel yeux clos sur une absence d’horizon et de temps parfois elle tend le bras à cru dans le vide tente d’attraper de la main des lucioles ballet d’oiseau décharné air absent elle voit que voit-elle regard de moineau mort posé sur portée invisible lèvres affaiblies dans le non-sang happe insectes volants par myriades torpeur des jours sans fin ni commencement elle balbutie des mots à elle par cohortes annone marmonne murmure peut-être prie non ponctue hochements de tête lèvres mues sans accroche sur l’avant-mort elle dit pourquoi ce capiton rouge dans mon cercueil je n’ai pas demandé de capiton rouge enlevez ce capiton rouge il me brûle les yeux il me brûle la peau elle dit pourquoi ta fille n’a-t-elle pas chanté à mon enterrement pourquoi elle aurait pu chanter le jour de ma mort elle dit pourquoi ne venez-vous pas cela fait tant de temps que vous n’êtes pas venus vous m’avez abandonnée ici où suis-je je ne sais pas elle dit mon frère est venu lui comme il est aveugle il s’est fait accompagner par un ami infirme qui ne peut plus marcher elle dit nous la regardons sans comprendre lèvres figées douleur sans réponse elle a rejoint des confins funambules franchi une frontière fil invisible de saute-menue erre dans le labyrinthe des mots et des morts ballet de la main qui feuillole dans l’air à la recherche de lucioles sans retour sans complainte elle nous laisse de l’autre côté du fleuve dans un arrière-monde s’éloigne dans sa nuit sans force yeux clos sur son avant-mort. Angèle Paoli D.R. Texte angelepaoli |
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Ce qui s'écrit dans l’antichambre du disparaître a un goût de remue-méninges et peut-être de bousculade chronologique entre plusieurs destins générationnels contigus. Seul le poème peut témoigner et embrayer sur un présent supportable et dicible. Dans l’avancée des âges, la ligne de partage entre les eaux parentales et filiales est de plus en plus superposable, quoique translucidement défendue...
Rédigé par : Mth Peyrin | 30 avril 2011 à 15:17
Très beau et si juste...
Rédigé par : sylvie durbec | 30 avril 2011 à 15:29
... yeux clos sur son avant mort...
En ce temps vivant de mon parcours hodgkinien, votre "travail" fait écho... Merci...
Marie-Christine
Rédigé par : Marie-Christine Touchemoulin | 30 avril 2011 à 23:11
Le bras qui se tend vers où? Vers qui? La voix, les regards vers d'autres rives. Ce texte est très beau, l'émotion à claire-voie.
Nous sommes dimanche, alors je me promène... notamment sur TdF où je rencontre un autre texte, en écho: "La vie la mort qu’en dire de plus
oh cette minuscule dentelle rouge racine de corail qui tisse sa toile dans la mousse dimanche assoupi sous la cendre"
Le dimanche semble se réveiller, je ne doute pas que Golpani fleurit, et les Terres de Femmes aussi, auxquelles j'envoie un brin de muguet.
Bonjour à Y. et A.,
Amicizia
B. Damir de Bala
Rédigé par : B. Damir de Bala | 01 mai 2011 à 11:24
" (T)ête menue d’oiseau abandonnée /au linceul du lit /(…) douloureuse sans forme ni éclat /muscles tendus de l’avant-mort/visage éteint /ouvert sur un temps autre sans frontière … " oui, je l’étais aussi de mon vivant, pas plus loin qu’hier, bloquée dans un Avril qui, contrairement à ses habitudes, m’a ligoté la main et le lumineux de la pensée et m’a laissée pendue dans le vague d’un printemps sans rêve.
Si je me réveille aujourd’hui pour crier : VIVEMENT MAI ! c’est parce que je suis, nous sommes incontestablement faits de mort et de vie, et la force de la poésie réside sans conteste dans son pouvoir de dire la vivant et le mort dans un même mot.
Et c’est pour me prouver encore une fois la consistance de cette dualité qui nous fait être duels que j'ai eu d’abord cette envie de donner de ce poème extraordinaire l’avant-goût du temps qui tue.
Mais, l’envers, malgré que ce temps-mort déstabilise la marche, lui désarticule ses voyelles et ses consonnes, et déchiquette ce qui lui reste comme salve sous le mot- pantin, ce poème chante le temps qui reste, le temps "d’avant-mort" qui, à travers cette parenthèse du bonheur ici, ce "parfois" qui fait tendre le bras, inscrit la vie - qui fatalement s’achemine vers le "sommeil éternel" - dans l’éternel recommencement du souffle qui la ressuscite dans la poésie et lui donne l’impression du réveil éternel.
Pour mon premier (et le 1er) Mai de mon amitié avec Terres de femmes, je fais fi du temps de la parenthèse et tends joyeusement aujourd’hui le bras, j’ouvre le cœur, je souffle dans mon mot et vous offre, chère Angèle, le plus beau muguet que ma poésie puisse rêver, une grappe de mots infiniment verdoyants de blancheur pour chanter la "blancheur" toute heureuse de vos efforts, de vos élans et de votre compétence incontestée.
بكلّ مودّة
Amicizia
Mahdia
Rédigé par : Mahdia Benguesmia | 02 mai 2011 à 16:37
"- o cupa corona di spine ! o bianco cespuglio d'angioli !
verso il sicuro futuro frutteto d'amore;"
Patricia Cavalli, Le mie poesie non cambieranno il mondo, Editions "des femmes" | Antoinette Fouque
Rédigé par : christiane | 11 mai 2011 à 18:25