Ph., G.AdC ELOÍSA Yo Eloísa, concubina triste, he perdido el fuego, y en las aguas tristes, detrás de la memoria, recordé una ofrenda: El crepitar cruel y dulce del sacrificio de los peces, el letargo iluminado más allá de los espejos, la muerte sólo una, en el abismo insumiso del sueño y la lujuria. Yo sombría y escondida Eloísa enferma y pálida, yo afligida y débil he deseado la lluvia del ocaso, la sigilosa vigilia de la piedra la comunión con el aceite del silencio la celebración de la ruptura y la caída. Yo Eloísa herido ángel, consumida, yo, dormida como un niño dispuesto al holocausto he percibido la incesante queja, el movimiento turbado de la huída y el temblor del desatino. Yo, Eloísa oscura y triste vago entre la niebla pagana del encuentro y el grave peligro que destruyó mi aliento. Señor de las aguas y los tiempos reo de muerte escucho entre mi boca; Señor de los vinos y la carne, yo idolatro, pero me resisto a la expiación. HÉLOÏSE Moi Héloïse concubine triste j’ai perdu la flamme, et dans les eaux tristes, derrière la mémoire, je me suis souvenue d’une offrande : Le crépitement doux et cruel du sacrifice des poissons, la léthargie illuminée au-delà des miroirs, la mort une et seule, dans l’abîme insoumis du sommeil et de la luxure. Moi sombre et cachée Héloïse souffrante et pale, moi faible et affligée j’ai désiré la pluie du couchant, la discrète vigile de la pierre la communion avec l’huile du silence, la célébration de la rupture et de la chute. Moi Héloïse ange blessé, consumée, moi, endormie comme un enfant prêt à l’holocauste j’ai perçu la plainte incessante, le mouvement troublé de la fuite et le frisson de la sottise. Moi Héloïse triste et obscure j’erre entre la brume païenne de la rencontre et le grave danger qui défait mon courage. Seigneur des eaux et des temps accusée de mort j’écoute entre mes dents ; seigneur des vins et de la chair, j’idolâtre, mais je me refuse à expier. Orietta Lozano, in Poètes hispano-américains 1960-1995, L’Épreuve des mots, Une anthologie, Éditions Stock, 1996, pp. 388-389. Traduction de Denis Fernandez-Recatala. |
ORIETTA LOZANO ■ Voir aussi ▼ → (sur Poetry International Web) plusieurs pages consacrées à Orietta Lozano (dont une bio-bibliographie et une sélection de poèmes) → (sur A media voz) une belle anthologie des poèmes d’Orietta Lozano → (sur YouTube) Orietta Lozano dit plusieurs de ses poèmes |
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