Diptyque photographique, G.AdC LES NUDITÉS PREMIÈRES Rendez-moi les clefs de verre Et la blancheur de vos mouchoirs ― Que j’avance à bord d’une barque de feuillages Vers la maison où se penche une plage Lavée de mes opacités ! Versez la source sur les parures et les fards ― Que je remonte aux nudités premières. Ne jetez ni le dehors, ni le dedans : Je reviens me mêler à ma propre naissance Sans témoin qui m’attende Hormis le temps. Évitez de pêcher au fond de mes miroirs Les fossettes d’une fille qui mûrit en bordure de son âge : L’ange et le démon y jouent à cache-cache Comme un serpent qu’apprivoise une pomme. Nohad Salameh, L’Épiphanie du retour in La Revenante, Voix d’Encre, 2007, s.f. Encres de Nadia Saïkali. |
NOHAD SALAMEH « Comme en d’autres temps Nerval ou Germain Nouveau, j’étais parti pour l’Orient dans l’espoir d’y retrouver mon Aurélia /Lou/ Nadja aimée, puis perdue dans quelque destinée antérieure à laquelle je n’avais plus accès. Et cette femme, Nohad Salameh, poète et poème, m’attendait en personne, fidèle au rendez-vous, aussitôt identifiée à la Dame protectrice de Byblos. Nul n’ignore le rôle joué par cette très ancienne cité quant à la formation de l’écriture ; n’a-t-elle pas donné son nom à la Bible et, par extension, au livre ? Au milieu de ce cimetière de lettres s’acharnant désespérément à renouer leurs jambages sous la terre afin de reconstituer mots, phrases, livres, je reconnus le sourire de l’ange dans l’entrebâillement de la porte d’ombre d’où filtrait une indescriptible clarté. Les trois volumes des Alphabets du Feu sont le fruit de ce choc initial inlassablement médité et traduit en poèmes. Des années plus tard, je retrouverai Nohad à Paris, grâce à un enchaînement de miracles (« Celui qui ne croit pas aux miracles n’est pas réaliste…), et nous accomplirons ensemble d’autres voyages initiatiques, notamment à Ninive, Babylone (« la porte de Dieu ») et Bagdad. Dans l’intervalle, la guerre civile avait éclaté au Liban, et Beyrouth, divisée en secteurs ennemis, percée de meurtrières, était devenue un lieu de mort « saignant à la une au fond de l’encre des journaux », comme je l’avais noté dans Le Livre des amants, recueil vécu, écrit et imprimé à la lueur des tirs, durant mes séjours aux côtés de Nohad. » Extrait d’un entretien de Daniel Leuwers avec Marc Alyn, in Dossier Marc Alyn rassemblé par André Ughetto, Revue de poésie et de littérature Phœnix, cahiers littéraires internationaux, janvier 2011 ― N°1, pp. 31-32. ■ Nohad Salameh sur Terres de femmes ▼ → L’écoute intérieure → L’envol immobile → L’intervalle (+ notice bio-bibliographique) → Marcheuses au bord du gouffre (lecture d'AP) → Plus neuve que la mort (poème extrait du Livre de Lilith) ■ Voir aussi ▼ → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Nohad Salameh → (sur le site de l'éditeur Voix d'Encre) la page consacrée au recueil La Revenante de Nohad Salameh |
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En écho à ce très beau poème qui me touche :
"Telle que vers quelle fenêtre
Selon nul ventre que le sien,
Filial on aurait pu naître"
Mallarmé, "Une dentelle s'abolit"
Rédigé par : Mth Peyrin | 11 avril 2011 à 11:27