Source LABERINTO No habrá nunca una puerta. Estás adentro y el alcázar abarca el universo y no tiene ni anverso ni reverso ni externo muro ni secreto centro. No esperes que el rigor de tu camino que tercamente se bifurca en otro, que tercamente se bifurca en otro, tendrá fin. Es de hierro tu destino como tu juez. No aguardes la embestida del toro que es un hombre y cuya extraña forma plural da horror a la maraña de interminable piedra entretejida. No existe. Nada esperes. Ni siquiera en el negro crepúsculo la fiera. Jorge Luis Borges, Elogio de la sombra [1967-1969], in Obras Completas, Buenos Aires, Emecé Editores, 1989, vol. II, pág. 364.
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JORGE LUIS BORGES ■ Jorge Luis Borges sur Terres de femmes ▼ → 24 août 1899 | Naissance de Jorge Luis Borges → Despedida (poème issu de Poèmes d'amour) → Le Sud (poème issu de Ferveur de Buenos Aires [1923]) |
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Dans la langue où ils ont été écrits, un martèlement inquiétant : "no habrà... ni externo... ni secreto... no aguardes... no existe... nada esperes... ni siquiera..."
On ne retrouve pas ce rythme, ces chocs des "non" dans le poème traduit, mais cette désolation, cette perte de repères, ce château qui devient un rien, construit autour d'un rien, que nul minotaure ne vient hanter de sa présence effroyable. Poésie dure, sans concessions. Vers adamantins. Cruelle cécité d'un voyant errant dans un monde opaque, ne cherchant plus la sortie du labyrinthe ni la fin du chemin.
Qu'attend-il, ce poète, lui qui ordonne de ne rien attendre ? Sur quelle intuition de l'éternel retour inscrit-il sa parole ?
Même quête que dans ses fictions. Son écriture est labyrinthe... La vie est labyrinthe.
Rédigé par : christiane | 17 avril 2011 à 23:17
Le labyrinthe sans Minotaure, c'est le labyrinthe intérieur, le labyrinthe des fous.
Alors que le monstre évoquait l'altérité libératrice, l'espoir du combat, la crainte du sang, le labyrinthe vide a perdu la raison, il n'est plus de coeur à cacher, ni de centre à chercher. Il est là sans existence.
Rédigé par : E. Delivré | 18 avril 2011 à 11:39