Ph., G.AdC
18e JOUR OU L’ORDRE NOUVEAU DES CHOSES
J’ai rêvé
que j’étais dans l’ancien nid d’amour,
mais tout avait changé.
Des murs étaient tombés,
des chambres nouvelles avaient surgi
plus blanches que les lys
avec des infirmières toutes blanches
qui m’invitaient à y entrer.
Et moi :
« Je venais ici, vous savez, il y a des années… »
comme si je m’excusais,
tout en léchant des yeux le coin
où se trouvait jadis le matelas.
On aurait dit à présent une trace de gomme
sur le cahier d’un écolier
fourré dans une moisissure verte
au-dessous d’une antique pierre.
Il en émanait un parfum douceâtre,
qui ne rappelait plus rien
à celle qui anciennement s’y couchait.
« L’ordre nouveau des choses »,
ai-je dit à voix basse en m’éveillant.
(D.R. Traduction inédite de Myrto Gondicas
pour Terres de femmes)
Katerina Anghelàki-Rooke, Nature vide (Άδεια φύση, éd. Kedros, Athènes, 1993, page 641).
18η μέρα ή Η νέα τάξη πραγμάτων
Ονειρεύτηκα
πως βρέθηκα στην παλιά ερωτική φωλιά,
μα όλα είχαν αλλάξει·
τοίχοι είχαν γκρεμιστεί,
υέα δωμάτια είχαν ξεπηδήσει
πιο άσπρα κι απ' τα κρίνα
με νοσοκόμες ολόλευκες
που με καλούσαν να περάσω μέσα.
« Ξέρετε, ερχόμουν εδώ πριν χρόνια... »,
έλεγα σαν να ζητούσα συγγνώμη,
ενώ με τα μάτια έγλειφα τη γωνιά
όπου ήταν κάποτε το στρώμα.
Έμοιαζε τώρα με μουντζούρα από γομολάστιχα
σε παιδικό τετράδιο
ή με ρύγχος αγριοχοίρου
χωμένο σε πράσινη μούχλα
πάνω σ' αρχαία πέτρα.
Ένα άρωμα ανάβλυζε από κει γλυκούτσικο,
που δε θύμιζε τίποτα πια
στην παλιά ξαπλωμένη.
« Η νέα τάξη πραγμάτων »,
μουρμούρισα ξυπνώστας.
(Άδεια φύση, 1993, page 641)
NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE
(établie par Myrto Gondicas)
Katerina Anghelàki-Rooke (Κατερίνα Αγγελάκη-Ρουκ) (22 février 1939-21 janvier 2020) est née à Athènes en 1939, ce qui l’apparente à la première génération des poètes de l’après-guerre, dont on dit souvent qu’ils se sont éloignés de l’engagement politique pour explorer la nouveauté dans les formes ; de fait, son écriture est souple, inventive, créatrice d’images enracinées dans les réalités quotidiennes et, surtout, dans la vie du corps : écriture au plus haut degré sensuelle et souvent érotique. Comme souvent chez ses pairs, elle s’est beaucoup nourrie de littératures étrangères, traduisant de plusieurs langues de la poésie, des essais, des romans, du théâtre (du russe : Pouchkine, Lermontov, Maïakovski, Evguéni Schwartz ; de l’anglais : Beckett, Seamus Heaney, Sylvia Plath, Derek Walcott, Saul Bellow ; du français : Elsa Triolet, etc.). Ses poèmes ont été traduits en plus de dix langues (avec sa participation pour les versions anglaises).
Bibliographie en français
― 7 poèmes in Anthologie de la poésie grecque, 1945-2000, choix, présentation, traduction de Michel Volkovitch, Paris, Poésie/Gallimard, 2000
― Poésie grecque contemporaine, Marseille, Autres Temps/Écrits des Forges, Collection Temps poétique, 2000, 170 p. Anthologie établie par Salima Aït Mohamed
― La Chair, beau désert, traduit par Michel Volkovitch, Paris, Desmos/Cahiers grecs, 2001
― Dans le ciel du néant, éditions Al Manar, Collection Voix vives de la Méditerranée, 2012. Traduit du grec par Michel Volkovitch
― La chair beau désert, éditions Le miel des anges, 2018. Traduit du grec par Michel Volkovitch
Bibliographie sommaire en grec
― Loups et Nuages (Λύκοι και σύννεφα, 1963)
― Marie-Madeleine, grand mammifère (Μαγδαληνή, το μεγάλο θηλαστικό, éd. Ermis, 1974)
― Les papiers dispersés de Pénélope (Τα σκόρπια χαρτιά της Πηνελόπης, 1977)
― Le Triomphe de la perte constante (Ο θρίαμβος της σταθερής Απώλειας, éd. Kedros, 1978, 1987)
― Amour contraire (Ενάντιος Έρωτας, éd. Kedros, 1982)
― Les Prétendants (Οι Μνηστήρες, éd. Kedros, 1984) (2e Prix National 1985)
― Vent Epilogue (Επίλογος αέρας, éd. Kedros, 1990)
― Nature vide (Άδεια φύση, éd. Kedros, 1993)
― Lypiou (Λυπιού, éd. Neo Epipedo/Sheirokinito, 1995)
― La chair beau désert (Ωραία έρημος η σάρκα, éd. Kastaniotis, 1996)
― La matière seule (Η ύλη μόνη, éd. Kastaniotis, 2001)
― Traduire en Amour la fin de la vie (Μεταφράζοντας σε έρωτα της ζωής το τέλος, éd. Kastaniotis, 2003)
― Avec si peu au ciel du rien (Στον ουρανό τού τίποτα με ελάχιστα, éd. Kastaniotis, 2005)
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