Image, G.AdC LA VIEILLE MOURANTE Coffrée dans ton lit-cage Livrée aux mécaniques Vieille ô si vieille La mort hésite à t’accueillir Tête burlesque Sous les vrilles des cheveux blancs Un sirocco de rousseurs ensable ta peau Des rides rapiècent tes joues Ta bouche n'est qu’un puits Tu happes l’air Ton cœur perd substance Ton horizon se détisse Ta chair t’engloutit Vieille ô si vieille Où sont ceux qui t’aimaient ? Ta route fut trop longue La mort les a surpris La vie les a rongés Une main est pourtant là Qui recouvre la tienne Son toucher traverse Tes brumes d’agonie Une voix t’accompagne Vers le lieu sans âge Que le temps n’assiège plus Laisse tomber tes défroques Quitte en douceur l’enclos Va à perte de vue Rejoins l’ultime flotille Qui cingle vers l’inconnu. Andrée Chedid, Territoires du souffle, Éditions Flammarion, 1999, in Andrée Chedid, Au cœur du cœur, Poèmes choisis et préfacés par Matthieu Chedid et Jean-Pierre Siméon, Librio Poésie, 2009, pp. 90-91. |
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Juste magnifique. Bravo, Merci.
Rédigé par : KtyZen | 08 février 2011 à 18:36
Angèle, souvenez-vous, ma grand mère était une "Pleureuse"…
Amicizia
Guidu___
Rédigé par : Guidu | 08 février 2011 à 23:27
On reconnaît l'arbre à ses fruits, dit-on... Un moment émouvant en écoutant son petit-fils, Mathieu Chedid "M" (dont Andrée Chedid fut la parolière de plusieurs chansons). A partir du repère 11:11, il l'évoque et évoque sa famille, sa "tribu" et la poésie. C'est subtil et beau...
Elle écrivit cette longue semaison dans Fraternité de la Parole :
" Craquant ses carapaces [...] la femme des longues patiences/ se donne lentement le jour" (12) et c'est pour elle après tant de semailles le temps où le blé lève...
"Le rêve de l'homme existe/Promet la saison du rire et des herbes/[...]/La danse de l'homme existe/naîtra de lèvres en lèvres/Pour que cesse l'attente." (Seconde vie d'Icare, 87)
Rédigé par : christiane | 09 février 2011 à 12:22