Image, G.AdC MAÏAKOVSKI AU CIEL (Extrait) Stop ! Je dépose sur un nuage la charge de mes affaires et de mon corps fatigué. Endroit propice où je n’étais jamais venu avant. J’examine les lieux. ainsi ce poli bien léché, c’est donc cela le ciel que l’on nous vante. Nous verrons, nous verrons ! Ça étincelle, ça scintille, ça brille et cela bruit — un nuage ou bien des esprits qui glissent sans bruit. « Si une belle jure un amour fidèle… » Ici, au firmament du ciel, entendre la musique de Verdi ? Par le jour d’un nuage, je jette un œil — les anges chantent. Les anges vivent dignes, fort dignes. L’un d’eux se détache et rompt aimablement son silence somnolent : « Alors, Vladimir Vladimirovitch, l’infini vous plaît-il ? » Et moi de répondre aussi aimablement : « Charmant, cet infini. C’est un ravissement ! » Vladimir Maïakovski, À pleine voix, Anthologie poétique 1915-1930, Éditions Gallimard, Collection Poésie, 2005, pp. 130-131-132. Préface de Claude Frioux. Traduction de Christian David. |
VLADIMIR MAÏAKOVSKI Source ■ Vladimir Maïakovski sur Terres de femmes ▼ → Impossible ■ Voir aussi ▼ → (sur Terres de femmes) 18 septembre 1921 | Marina Tsvétaïeva (À Maïakovski) |
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"Charmant, cet infini.
C'est un ravissement !"
Je n'avais JAMAIS rencontré cet adjectif et ce nom ainsi liés, c'est tout à fait étonnant. Quelle innocence dans cette écriture si sombre, dans cette fatigue d'être, de vivre et d'écrire ! un moment de grâce...
Rédigé par : christiane | 21 janvier 2011 à 13:21
C'est ce final (qui n'en est pas un puisqu'il s'agit d'un extrait) qui m'a éblouie. J'ai ri en le lisant (pourtant je n'aurais sans doute pas dû !) en raison de la réelle ironie que j'ai perçue dans ces deux vers.
Rédigé par : Angèle Paoli | 25 janvier 2011 à 00:26
Oui, un beau et vivifiant brin d’ironie, sans nul doute autant dans les lignes que dans le regard posé sur elles !
B. de J. D.
Rédigé par : B. de J. D. | 25 janvier 2011 à 09:05
Oui ! quel ravissement est ce final qui prête, il est vrai, d'abord au rire !
Mais Maïakovski n'a-t-il pas conçu son poème pour nous épater et nous faire ravir car dans cet enchantement du mot, on ne sent pas que la musique du mot mais tout un travail avec une étroite collaboration avec le corps du poète, et dans l'intention la plus profonde de nous éblouir en nous faisant éclater de rire, tout en nous emportant dans cet espace de félicité où la musique de Verdi amuse même les anges et les fait chanter.
Quel dommage qu'Orphée ait eu affaire à des dieux qui n'ont pas su apprécier sa musique et ont en fait un exemple de la secondarisation des sens , autrement, avec Verdi , ils auraient doublé leur fans au ciel de Maïakovski.
Rédigé par : Mahdia Benguesmia | 25 janvier 2011 à 09:44
« L 'univers dort
l'oreille énorme posée
sur sa patte nuitée d'étoiles » (Le nuage en Pantalon).
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Rédigé par : christiane | 25 janvier 2011 à 10:21