Source LE PHÉNIX « De mort à vie. » XCVI « Te voyant rire avecques si grand’ grâce, Ce doux souris me donne espoir de vie, Et la douceur de cette tienne face Me promet mieux de ce dont j’ai envie. Mais la froideur de ton cœur me convie À désespoir, mon dessein dissipant. Puis ton parler, du Miel participant, Me remet sus le désir qui me mord. Parquoi tu peux, mon bien anticipant, En un moment me donner vie et mort. DIDO QUI SE BRÛLE « Douce la mort qui de deuil me délivre. » CXIV « Ô ans, ô mois, semaines, jours et heures, Ô intervalle, ô minute, ô moment, Qui consumez les durtés, voire seures, Sans que l’on puisse apercevoir comment, Ne sentez-vous que ce mien doux tourment Vous use en moi et vos forces déçoit ? Si donc le Cœur au plaisir qu’il reçoit Se vient lui-même à martyre livrer, Croire faudra que la mort douce soit Qui l’âme peut d’angoisse délivrer. Source LA GIROUETTE « Mille révoltes ne m’ont encor bougé. » CXXXII « Le bon Nocher se montre en la tempête, Et le Soudard au seul conflit se prouve ; Aussi Amour sa gloire et sa conquête Par fermeté en inconstance éprouve. Parquoi souvent en maints lieux il me trouve Où au-devant me présente un objet Avec si doux et attrayant sujet Que ma pensée à peu près s’y transmue, Bien que ma foi, sans suivre mon projet, Çà et là tourne et point ne se remue. Maurice Scève, Délie, Éditions Gallimard, Collection Poésie, 1984, pp. 105, 115, 125. Édition de Françoise Charpentier. |
MAURICE SCÈVE ■ Maurice Scève sur Terres de femmes ▼ → Maurice Scève | Tant je l’aimai → Jeu d’échange poétique entre Maurice Scève et Pernette du Guillet ■ Voir aussi ▼ → (sur Archives de France) une page de Marie-Madeleine Fragonard (professeur à l’université Sorbonne Nouvelle-Paris III) sur Maurice Scève → (sur le site de l'University of Virginia Library) Délie : reproduction de l'intégralité de l'édition de 1564 |
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Quel plaisir de revisiter des poètes du siècle humaniste. C’est chose novatrice, rebelle presque ( !), d’oser la tradition et la transmission des textes classiques. Pour ma part, j’aime bien cet auteur qui souvent ne signait pas ses œuvres, ou par des initiales. Lui fut reproché son hermétisme tandis que plus tard d’autres le qualifieront de précurseur proche de Mallarmé et des symbolistes… Science et relativité de la critique ! Merci, vraiment, pour ces pages.
Rédigé par : Syl S | 07 janvier 2011 à 18:55
Ténèbres lumineuses, obscurité de la lumière. "Délie" qui délie ce qui était impénétrable... pour que l'amour l'emporte sur la mort...
Rédigé par : christiane | 08 janvier 2011 à 10:18