Le
23 janvier 1928 naît à Paris
Jeanne Moreau.
Image, G.AdC
Élève de Denis d’Inès au Conservatoire de Paris, c’est d’abord comme comédienne que Jeanne Moreau fait ses apprentissages. Entrée à la Comédie-Française l’année de ses vingt ans, en 1948, elle passe ensuite à la Maison de Molière qu’elle quitte en 1953 pour le TNP de Jean Vilar. C’est aussi en 1948 que Jeanne Moreau fait ses débuts au cinéma. Pendant une dizaine d’années, l’actrice apparaît dans des seconds rôles — Touchez pas au Grisbi, de Jacques Becker, en 1954 ; Les Louves, de Luis Saslavsky, en 1957 — et il faut attendre Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle, en 1957, pour qu’elle s’impose auprès du grand public. Son succès se confirme l’année suivante avec Les Amants. Elle est désormais une vedette à part entière, sensuelle et sexy, et partage avec Brigitte Bardot les feux de la rampe.
En 1960, Michelangelo Antonioni lui confie un rôle à la Bette Davis (selon les paroles de François Truffaut). Celui de Lidia Pontano dans La Notte (La Nuit). Le couple qu’elle forme avec Marcello Mastroianni — son époux à l’écran — se déchire tout au long d’une nuit. Sous la caméra d’Antonioni, d’une élégante froideur. Pour Michel Butor, « jamais le cinéma n’a exploré la psychologie avec tant de minutie et d’honnêteté » *.
La même année Marguerite Duras la sollicite pour le rôle d’Anne Desbarèdes dans Moderato cantabile. Très remarquée au festival d’Avignon dans la mise en scène de Peter Brook, elle conquiert à nouveau le public français en janvier 1962 dans l’inoubliable et lumineux Jules et Jim de François Truffaut. Elle atteint la perfection en 1964 dans Le Journal d’une femme de chambre, de Luis Buñuel. Le public la retrouve chez Truffaut encore dans La Mariée était en noir (1968). D’autres metteurs en scène prestigieux feront encore appel à son talent : Orson Welles pour Le Procès (1962) et Une histoire immortelle (1968), Elia Kazan pour Le Dernier Nabab (1975), Joseph Losey pour Monsieur Klein (1976). Également recherchée par les jeunes réalisateurs, elle joue aux côtés de Miou-Miou et d’Isabelle Huppert dans Les Valseuses de Bertrand Blier (1973) ; André Téchiné lui fait interpréter le rôle de Berthe dans Souvenirs d’en France. Elle fait une brève apparition dans Querelle de R.W. Fassbinder (1982). Elle triomphe au théâtre dans Le Récit de la servante Zerline d'Hermann Broch (1986), puis au festival d’Avignon dans La Célestine, de Fernando de Rojas (1989).
Actrice sensible et fine, remarquable comédienne, Jeanne Moreau a incarné, tout au long de sa carrière, une belle image de la féminité, sensuelle et troublante. Une grande dame.
* Michel Butor, communication du 17 mai 1961, in Michelangelo Antonioni, La Nuit, [La Notte], Buchet-Chastel Sonovision, 1961. Traduit de l'italien par Michèle Causse. Présentation par Michel Butor.
Quel film, La Notte, d'Antonioni ! Giovanni/Mastroianni, Lidia/Moreau dans ce final crépusculaire explorant cet impossible de la vie, de l'amour, de la création, cette fatigue, cet oubli de soi, ce manque, ces ratages... Jeanne Moreau y est magnifique de sensibilité, de retenue, de tristesse face à un Mastroianni en déroute troublé par cette lettre qu'il a écrite puis oubliée... Une étreinte vers plus de solitude ?
C'est intéressant ces vidéos qui accompagnent ces mémoires d'acteurs et de réalisateurs.
Rédigé par : christiane | 24 janvier 2011 à 10:55
Certaines et certains ont de l'importance. Comme on a une montre à son poignet. Jeanne Moreau, elle, est importante. Elle l'est pour nous. Elle est une voix qui porte et tient parole. Bon anniversaire,Jeanne.Et merci.
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=sz8CrFTgHLs
http://www.youtube.com/watch?v=r6GbTLb5-6k
http://www.youtube.com/watch?v=OFPa__V3T-I
Rédigé par : Astrid SHRIQUI GARAIN | 23 janvier 2013 à 12:58