Le
14 janvier 1841 naît à Bourges
Berthe Morisot.
Issue d’une famille bourgeoise fortunée, Berthe Morisot, élève de Guichard, amie de Daubigny et de Daumier, peint des paysages dans l’esprit de Corot. Sa rencontre avec Manet est décisive pour son évolution artistique et sentimentale. Manet exécute de son modèle nombre de portraits, dont
Le Balcon (1868). Berthe Morisot, épouse d’Eugène Manet, frère du peintre, se lance dans l’exécution de paysages de plein air. De cette époque datent
Vue du petit port de l’Orient (1869),
La Chasse aux papillons (1874),
L’Entrée du port (1874). Dans le même temps, Berthe Morisot s’attache à peindre des portraits et des scènes intimistes.
Le Berceau (1873),
Dans la salle à manger (1886),
Cousant dans le jardin (1881),
Dans l’herbe à Maurecourt (1884),
Le Cerisier (1891) figurent parmi ses toiles les plus réussies et les plus lumineuses.
Si certains peintres, critiques et écrivains, tel Joris-Karl Huysmans, ne voient dans les toiles de Berthe Morisot qu’un « pimpant brouillis de blanc et de rose » ou « d’adorables délices de toilettes mondaines », d’autres, moins misogynes, ne s’y trompent pas, qui voient dans cette manière d’improvisation un « charme féminin sans mièvrerie » et des « valeurs d’une justesse rigoureuse ».
Berthe Morisot (1841-1895)
Jeune femme en toilette de bal, 1879
Huile sur toile, 71 x 54 cm
Paris, musée d'Orsay
Source
JEUNE FEMME EN TOILETTE DE BAL
Réalisé en 1879, le portrait de Jeune femme en toilette de bal correspond bien à la description qu’en fait l’auteur d’À Rebours : « un pimpant brouillis de blanc et de rose » domine la toile de Berthe Morisot. Fusion du décor floral — sans perspective ni profondeur — avec la coiffure évanescente de la jeune femme et sa délicieuse toilette de bal, piquée en guirlande de fleurs blanches. Épaules dénudées sur un beau décolleté, avant-bras finement gantés, la jeune femme attend. Sagement assise sur son sofa. Le bleu fondu du fauteuil se mêle aux couleurs crème de la toilette et à la carnation pâle et légère du buste. Quelques touches plus foncées de brun et de vert soulignent, par contraste, cette blancheur des épaules et du teint. Le regard clair est perdu dans un ailleurs inaccessible, un jardin peut-être, avec des frondaisons pareilles à celles qui forment le décor ou l’absence de décor. La bouche, vermeille, illumine le visage, tourné de biais vers le lointain. Une perle translucide orne de son tremblé le lobe de l’oreille et un tour de cou argenté souligne l’élégance de la toilette.
Présenté en 1880 à la 5e exposition impressionniste, le tableau de Berthe Morisot — Jeune femme en toilette de bal — avait déjà été remarqué au Salon de 1865 par Paul Mantz. Le critique d’art écrit à propos de cette toile :
« Tout flotte, rien ne formule, le ton lui-même hésite indécis, et il y a là une finesse fragonardienne, avec le sentiment d’un monde chimérique où les couleurs n’ont pas encore pris leur accent, où les tons indistincts ne savent pas qu’ils auront plus tard une individualité et un état civil. »
Quant à l’historien de l’impressionnisme Théodore Duret — qui avait acquis ce tableau, propriété du peintre Giuseppe De Nittis, après la mort de ce dernier (1884) —, il écrit :
« Je le tenais chez moi à la meilleure place, et quand Mallarmé venait me voir, nous nous extasiions ensemble sur son charme. »
Jeune femme en toilette de bal, conservé depuis 1986 au musée d'Orsay, est considéré aujourd’hui comme l’un des chefs-d’œuvre de Berthe Morisot.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
Il y a une merveilleuse harmonie dans les tableaux
de Berthe Morisot.
Merci de nous offrir une piqûre de rappel.
Sincèrement.
Rédigé par : renaud | 16 janvier 2011 à 17:10