avait lieu une rencontre poétique avec James Sacré,
à la Petite Librairie des Champs de Boulbon,
chez Sylvie Durbec et dans la maison de Michèle,
sous les remparts du château de Grimpelune,
les 11, 12 et 13 décembre 2009.
Ci-dessous, en témoignage,
le texte que j'ai écrit sur mes Carnets.
Ph., G.AdC | ROUGE | . Que reste-t-il ce soir de tout ce vécu de mots qu’on a engrangé chacun pour soi ? Un peu de poème « avec toute sa guenille de mots ». « Des mots comme du rouge qui respire ». .Le rouge des bleus de Matisse intérieurs et jardins qui viennent à la rencontre et le rouge du feu qui poudroie dans les mots. .des mots comme du rouge qui respire dans le vieux broc tout émaillé comme posé là en attente d’un bouquet de cicindèles ou même des flammes anacoluptères que les mots grésillent d’une bûche à l’autre la respiration comme un souffle de vie à peine retenu dans le silence gris du jour et la promesse de neige peut-être sous la vitre. .et devant moi encore le rouge d’une étole en jeté sur l’épaule et autour de la nuque aussi comme un abandon de plis qu’on ne saurait dire et celui plus carminé de la passion d’un pendentif au lobe d’une oreille que tellement ça bouge pour un rien pour un mot qui passe tout au plus. .qui saura dire un jour quel fleuve traverse le géant christophore surgi à la croisée des rues dans le blanc de la roche rongée et pourquoi au bou du bou du bou le nom du village interrompu coupé par qui pour quoi le sait-on ? panneau sans fléchage et il faut inventer le chemin taillé dans le gris lent de l’encoule dans l’à-vif de la montagne blanche mêlé aux ocres chaudes des pisés forteresses du Maroc. .Sidi Slimane n’est jamais bien loin. .le vieux campanile monte dans le peu de lumière derrière la vitre au plus serré de la rencontre de ce jour. .et le mot rouge un peu plus rouge pris dans les nappes et les tentures et soudain dans celui plus doré du pain d’épices de Noël qui effrite ses tranches sous les doigts le rouge des couleurs mélange de bleu et d’oranger la couleur rouge dans quel mot la retrouver la rendre à sa rondeur première à son origine dans la rouille rouge pâle des tuiles sur les toits qui étirent leur feuilleté dans la fraîcheur et les murets décrépis à quel temps abandonné depuis tant. .le feu crépite rouge sang d’elfe chaude et d’éventail que dis-tu en écrivant ces mots sinon le vide des images qui ne parlent à personne que lisent les regards sous les paupières closes derrière la pluie des mots qui tombe en gouttes de pétales rouges. .quelque chose se vit comme un peu de souvenir effacé que chacun garde au creux de sa propre chaleur quelque chose se dit de l’intime coule sa langue douce sous la langue autre comme une odeur d’enfance à cueillir sous les mots dans un jardin d’hier une langue d’avant de Vendée ou d’ailleurs tendue aux quatre coins d’une lessive fraîche. .Écrire comme une affaire de désir comme une affaire de rencontre un désir de poussière et de paradis minuscule quelque chose du rouge dans le grain de la voix. Angèle Paoli D.R. Texte angèlepaoli |
JAMES SACRÉ Ph. © olivier roller Source ■ James Sacré sur Terres de femmes ▼ → [Dans la pointe exiguë d’un pays qui est de la campagne] (extrait d’Écrire pour t’aimer) → [Il y a le menhir] (extrait d’Et parier que dedans se donne aussi la beauté) → James Sacré, Le paysage est sans légende (lecture de Tristan Hordé) → Dans le format de la page (extrait de Le paysage est sans légende) → Le désir échappe à mon poème → Figure 42 (poème extrait de Figures qui bougent un peu) → Je t’aime. On n’entend rien → Parfois → James Sacré, Lorand Gaspar | Dans les yeux d’une femme bédouine qui regarde ■ Voir aussi ▼ → (sur remue.net) James Sacré/Un paradis de poussières (article de Jacques Josse) → (sur Loxias) une bio-bibliographie de James Sacré → (sur le site de Jean-Michel Maulpoix) un article de James Sacré (« Une boulange de lyrisme critique »), texte paru dans la revue Le Nouveau Recueil (éditions Champ Vallon) |
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Deux approches d'artistes faites pour se rencontrer : Guidu et Angèle. Une dominante chromatique et ses échos dans les autres couleurs. Présence féminine habitant ce poème secret comme une stratégie du désir. Approche discrète qui dévêt les choses et les corps pour libérer l'intimité des mots. Tout cela rayonne paisiblement dans le crépitement de la flamme. Nudité innocente. La référence à Matisse s'impose puis s'oublie. Courbes qu'embrase un camaïeu de rouges affirmant la liberté du poète et celle du photographe qui puisent dans le réel pour en faire une surabondance de bonheur, un éblouissement lumineux, si fluide. Les ondes colorées ruissellent et se distille une plénitude bienfaisante. J'aime.
Rédigé par : christiane | 12 décembre 2010 à 16:54
Ce poème me touche beaucoup . Il témoigne d'une virtuosité topologique - passant du rouge de Matisse au broc à l'étole au feu du désir amoureux qui y brûle secrètement et, pour ainsi dire, avec élégance. C'est rare un vrai poème, c'est-à-dire une oeuvre dont on se sent peu à peu entouré. L'univers rougit, emprunte son rouge, et se résout en pétales rouges. Picabia aurait su faire de ce poème un livre d'artiste merveilleux. Dommage : je ne suis pas Picabia. J'ai aussi beaucoup aimé l'image de Guidu qui fait miroiter les couleurs. Denise Le Dantec
Rédigé par : Denise Le Dantec | 13 décembre 2010 à 01:44
Il a été aussi question de ce beau texte, très beau texte, hier à la petite librairie des champs.
Amitiés
Rédigé par : Sylvie S | 13 décembre 2010 à 08:18
Il est assez rare que je sois ici complimenté par les lecteurs ! (Normal, je ne suis qu’un illustrateur). Mais je dois dire que ce poème d’Angèle, pour moi, est probablement l’un des plus beaux.
La photographie, c’est - des vases de verre soufflé de Murano - …la Lagune figurant en place privilégiée dans mon panthéon… C’est vrai pour Angèle Paoli également, me suis-je laissé dire !
http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2005/01/premiers_pas.html
Amicizia
Guidu____
Rédigé par : G.AdC | 13 décembre 2010 à 11:02
C'est vrai, Guidu, qu'on parle peu de vos créations mais ce silence n'est pas indifférence. Il est regard contre regard. Vos oeuvres, jointes aux mises en pages d'Yves, font un écrin somptueux pour les mots d'Angèle. Cette modestie de deux compagnons fidèles qui connaissent leur métier à la perfection, entraînant la beauté avec eux. Angèle, je crois, en reçoit la bonté et la force, inconsciemment, ayant choisi de poser là ses mots. Cela s'appelle une trinité (comme dans la page mystérieuse que vous mettez en lien).
Pour vous cette pensée d'Henri Cartier-Bresson :
"Le temps court et s'écoule et notre mort seule arrive à le rattraper. La photographie est un couperet qui, dans l'éternité, saisit l'instant qui l'a éblouie."
Rédigé par : christiane | 13 décembre 2010 à 13:34
Merci chère Angèle du Rouge parfait
Votre souffle dans le mot délie ma langue suave froissée
Illumine ma main, réveille ma joie et éclaire l'aube des jours foncés
Votre Rouge, ce Rouge du mot, tant Rouge de paix devient dansé
Rédigé par : Mahdia Benguesmia | 13 décembre 2010 à 18:16
J'ai lu, relu ce texte, le lis une fois aujourd'hui encore ... pour finir me relis.
Oserai-je cet aveu ? Nous connaissons tou(te)s quelques poèmes dont l'évidence survient au point que nous aurions voulu - que nous aurions pu, avons-nous même la faiblesse de penser - les écrire...
Rédigé par : T. de Rack | 06 janvier 2011 à 11:10