stop look & listen Venezia*: incline thine ear you glassworks of Murano; pause elevator nel mezzo del cammin’ that means half- way up the Campanile, believe thou me cocodrillo** — mine eyes have seen the glory of the coming of the Americans particularly the brand of marriageable nymph which is armed with large legs rancid voices Baedekers Mothers and kodaks —by night upon the Riva Schiavoni or in the felicitous vicinity of the de l’Europe Grand and Royal Danielli their numbers are like unto the stars of Heaven.... i do signore affirm that all gondola signore day below me gondola signore gondola and above me pass loudly and gondola rapidly denizens of Omaha Altoona or what not enthusiastic cohorts from Duluth God only, gondola knows Cincingondolanati i gondola don’t —the substantial dollarbringing virgins “from the Loggia where are we angels by O yes beautiful we now pass through the look girls in the style of that's the foliage what is it didn't Ruskin says about you got the haven’t Marjorie isn't this wellcurb simply darling” —O Education:O thos cook & son (O to be a metope now that triglyph's here) *** Edward Estlin Cummings, Memorabilia, in is 5, Complete Poems 1904-1962, edited by George J. Firmage, New York, Liveright Publishing Corporation, centennial edition publishing 1994, page 254. I MEMORABILIA arrête regarde & écoute Venezia : prêtez-moi l’oreille verreries de Murano ; un temps ascenseur nel mezzo del cammin’ ça veut dire à mi- hauteur du Campanile, crois- m’en cocodrillo — j’ai vu de mes yeux la gloire de la venue des Américaines en particulier le modèle nymphe à marier équipé de grosses guibolles voix rance Baedeker Maman et kodak — la nuit sur la Riva degli Schiavoni ou dans les bienheureux parages des de l’Europe Grand et Royal Danieli aussi nombreuses que les étoiles du Paradis… ça oui signore j’atteste que toute la gondola signore journée dessous moi gondola signore gondola et dessus moi passent bruyamment et gondola rapidement citoyenne d’Omaha Altoona ou quoi d’autre en cohortes fanatiques venues de Duluth Dieu seul, gondola le sait Cincingondolanati moi gondola pas — les consistantes vierges bourrées de dollars “depuis la Loggia où sommes-nous des anges là Oh oui magnifique nous traversons à présent le regardez les filles dans le goût de ce sont des rinceaux qu’est-ce que c’est n’as-tu pas Ruskin en parle t’a pris le non l’ai oublié Marjorie cette margelle n’est-elle pas simplement adorable” — Ô Education : Ô thomas cook & fils (Ô être un métope maintenant que triglyphe est là) e.e. Cummings, Memorabilia in revue Grumeaux, numéro deux — L’impossible, Éditions Nous, novembre 2010, pp. 316-317. Traduction inédite de Jacques Demarcq.
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■ e.e. Cummings sur Terres de femmes ▼ → Beautiful → [goodby Betty, don’t remember me] → [my lady is an ivory garden] ■ Voir aussi ▼ → (sur le site American Poems) une bio-bibliographie d’e.e. Cummings (+ un choix de 153 poèmes) → (sur scribd.com) l'intégralité des poèmes d’e.e. Cummings → (sur le site de la revue de traduction Palimpsestes) Antoine Cazé, « E. E. Cummings : (dé)composition d’adjectifs, inventivité linguistique et traduction », Palimpsestes [En ligne], 19 | 2007, mis en ligne le 01 janvier 2009, consulté le 19 janvier 2012 → le site des éditions NOUS |
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Combien l'évocation de Venise dans mon souvenir est plus abordable émotionnellement...
Combien souffle aussi un vent de folie (non inutile dans la poésie d'aujourd'hui...la mienne comprise...) dans la syntaxe de ce poète,difficile à suivre souvent... et entre deux tarabiscotages linguistiques, un éclair de génie !
La question est de doser le vent, mais e.e. ne peut faire autrement !
Rédigé par : Martine | 26 décembre 2010 à 23:48
Dans ce bel enchantement du mot arrêté à mi-hauteur du "regarder-écouter",le poète nous fait pénétrer la cité qui dans toutes les langues se prononce avec hilarité.
Venise ne peut en effet être dite et chantée que sensoriellement et sensuellement comme ici où le "a" ouvert de Venezia se verse agréablement dans la Riva et fait voguer la gondola la plus charmeuse de l'eau du mot.
Pris dans le tourbillon du "beautiful" et du "darling" d'une autre langue, les mots ici s'embrassent dans l'eau d'une cité pâmée dans son eau.
Rédigé par : Mahdia Benguesmia | 27 décembre 2010 à 11:34
La confrontation explosive de Venise (de l’expérience vénitienne) avec la langue de Cummings me réjouit. Je trouve à ce fusionnement quelque chose de très mystérieux, d'inexplicable presque. Qui tient à l'inventivité du poète. A son délire et à son humour. Il y a là une liberté, un sens ludique que je ne connais réellement que chez les grands poètes américains.
Merci, Martine et Mahdia, de votre amitié et de votre confiance.
Rédigé par : Angele Paoli | 27 décembre 2010 à 19:12
A quels autres poètes américains penses-tu, Angèle?
(Je ne connais pas beaucoup leurs oeuvres, j'ai lu des passages savoureux de J. Kerouac - dans Le Livre des Esquisses -, c'est à peu près tout...)
Merci pour tout ce que tu nous apportes.........
Bacibacibaci...
Rédigé par : Martine | 03 janvier 2011 à 00:19