Image, G.AdC | C’EST LA TERRE | C’est la terre. Ne lui demandez rien de plus. Par une nuit quelconque, entre sifflements et remords, elle se cache. Elle a sa durée. Ses maisons ont des pieds fatigués, sa lumière plus basse que les nuages. Pour qui danse encore cette moitié d’ombre ? C’est la terre, qu’auront bientôt oubliée tous nos désirs secondaires, quand le souffle devient plus court, qu’il a un goût d’inéluctable, et que le monde aux yeux crevés ravale ses tragédies pour tenir rang, sous son faux col du soir. Tu sens que cette année pourtant il y aura beaucoup de pommes. Car c’est la terre qui insiste, prodigue sous le fouet du paysage, et si le monde n’écoute plus quand on lui parle de lointain, elle tient à ses femmes qui ont la démarche du vent, elle détache de la rocaille la promesse d’une année grossie de pluie. Et il y a de grands bâtisseurs parmi les volcans. C’est la terre. Ne lui demandez rien de plus. Elle roule le fracas entrevu dans les mots dont on ne doit pas parler. Et tu écoutes en elle pour ce jour qui va naître encore le temps sauvé. Dominique Sorrente D.R. Texte inédit Dominique Sorrente |
DOMINIQUE SORRENTE Source ■ Dominique Sorrente sur Terres de femmes ▼ → [À défaut de livre, au moins cette promesse de poème] (poème extrait d’Il y a de l’innocence dans l’air) → C’est bien ici la terre (note de lecture de Laurence Verrey) → Écueils → J’écris comme on décide par fragments → [je suis celle qui se voue à la flamme] → Je t’envoie ma chanson des jours bleus → Le temps sans rideaux → [L’humeur est passe-partout] (extrait de Tu dis : rejoindre le fleuve) → Pays sous les continents → [Les rideaux] (extrait des Gens comme ça va) → Le Scriptorium | Portrait de groupe en poésie ■ Voir aussi ▼ → (sur Publie.net) Dominique Sorrente | Pays sous les continents → (sur le site du cipM) une notice bio-bibliographique (non mise à jour) → (sur le site du Scriptorium de Marseille) un Portrait de Dominique Sorrente |
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Cet homme m'impressionne. Cette écriture m'impressionne. Il a usé les mots jusqu'à s'en faire le traducteur en poésie. Traducteur de mots usés. Docteur Faust de ce monde de paroles vieillissant. Et ça dure depuis si longtemps ... et voilà que la terre lui livre son secret. Et voilà que les plantes et les eaux, les bêtes lui prêtent souffle. C'est comme des petites coques de lettres qui s'ouvrent et les mots tout mouillés d'eau lustrale naissent. C'est beau. ça me touche. C'est bien cette écriture. Je crois qu'il est contagieux et qu'à Marseille d'autres fadas des mots teintent la ville en bleu d'arc-en-ciel. Quelle joie !
Rédigé par : christiane | 24 novembre 2010 à 18:47