Le goût de l’origine, sur ma langue : désert où pas une fleur ne souffle. Rares, dans la pénombre des dunes, des insectes se couvrent de la fraîcheur du soir. Le large: infini à portée de ma main. J’aurais presque la foi. Et la mort ne serait plus qu'une affaire de passage dans la clandestinité de la nuit. |
לזמן הזה |
ײ אלהינו |
Je revois les mers entourant les continents, les fleuves, les forêts. Rien n'est absent en catalogue de la finale. La beauté, la richesse, le toucher d'une seule feuille d'oranger et l'Orient entier dérive dans mon cœur lourd de nostalgie. Tellement... Tellement me tente l'espoir insensé d'une reprise ! |
ײ אלהינו |
ברוך אתה ײ אלהינו |
Voici se répéter la scène d'une corde rêche serrée autour du cou. La main droite s'apitoie sur la main gauche, la frotte dans un signe de compassion. Les semelles de mes souliers se détachent en filigrane sur la ligne d'arrêt de la course. Pour peu que je m'approche de l'inexistence et l'avalanche des images reconstitue le passé où j'étais. Tout simplement être comme cette longue chaîne de montagnes à la frontière des nuages. |
ברוך אתה ײ אלהינו |
עושה שלום במרומיו |
Se défaire lentement de l'habitude de vivre, coudes sur la table, front posé doucement sur la ligne moite des nostalgies. Le fil invisible se tend depuis mon souffle jusqu'à l'ultime parole : néant à la place de l'être. Œil retourné vers un cœur traversé par les balafres de l'écrit. |
עושה שלום במרומיו |
Bluma Finkelstein, Les Lauriers d'emprunt, Jérémiades et Lamentations, Éditions Tarabuste, 2008, pp. 32, 34, 38, 43. |
BLUMA FINKELSTEIN ■ Voir aussi ▼ → (sur le site Étonnants voyageurs) une fiche auteur sur Bluma Finkelstein → (sur books.google.fr) L'héritage de Babel: Éloge de la diversité (extraits) |
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Ce texte est magnifique; quelques vieux souvenirs d'hébreu me font lire certains mots (je reconnais notamment une prière) mais pas tous... Quant aux deux dernières phrases, elles sont identiques et évoquent la paix, mais peut-être que l'auteur vous en a dit davantage ?
Le goût de l'origine, l'hébreu de mon enfance, le violoncelle de mon enfance aussi... tout cela imprime une nostalgie,
Merci Angèle
Syl
Rédigé par : Sylvie Saliceti | 29 septembre 2010 à 18:49
Sylvie, ces textes sont en effet magnifiques ! J'ai eu quelque mal à entrer dans ce recueil, je ne sais pourquoi. Mais je l'ai repris il y a quelque temps et depuis, je suis éblouie. C'est très grand !
Rédigé par : Angèle Paoli | 29 septembre 2010 à 23:41