30 août Une force intacte qui ne se dilue pas dans la fiction, qui ne devient pas littérature. Pas d’œuvre, non, mais un brûlot, une agression, des livres sauvages, inclassables, que la critique ne sait comment saisir. Un après-midi, de la fenêtre. L’air, par intermittence, rejoint ma vie immobile. Je lève les yeux vers le ciel pur. Ce mouvement très bref se perd dans le bleu. Lever les yeux ainsi vers l’azur, les beaux feuillages balancés par le vent. Je pourrais rester ainsi durant des heures. Sans intention ni projet. Ne méditant aucun voyage. Rester des heures dans cette pièce, des années, regardant s’écouler les saisons, saisissant le feu vif de l’essentiel niché dans chaque instant. M’attachant à toucher, à atteindre l’invisible. Mais est-ce une vie, cela, toute de dévotion au monde, au silence, aux heures de solitude ? Est-ce une vie cette non-vie, cet abîme de rien qui me fonde ? L’or de l’automne, les brûlures de l’été, du printemps, les songes de neige et de givre. La poussière sur le temps, l’orage dans notre vie. Devenir un nomade dans la vie sédentaire. Je me vois marchant le long de l’Océan indien dans un état de solitude divine. J’ai voyagé, me dis-je, pour rencontrer la solitude, mon vrai visage car la lumière de la fenêtre m’épouvante quand arrive le soir, quand tombe la nuit. Joël Vernet, Le Regard du cœur ouvert, Des carnets 1978-2002, Éditions La Part Commune, Rennes, 2009, pp. 189-190 |
JOËL VERNET Source ■ Joël Vernet sur Terres de femmes ▼ → Carnets du lent chemin, Copeaux (1978-2016) [lecture d’AP] → Décembre 2010 | Joël Vernet, Carnets du lent chemin, Copeaux (1978-2016) → L’oubli est une tache dans le ciel (lecture d’AP) → Les petites routes (extrait de L’oubli est une tache dans le ciel) → [De Rimbaud […] tu n’auras jamais rien su] (extrait de Mon père se promène dans les yeux de ma mère) ■ Voir aussi ▼ → (sur remue.net) Joël Vernet /marcher vers un ciel de pierre → (sur Le Nouveau Recueil) Joël Vernet, ou l’esthétique de la trace, par Sylvie Besson (fichier Word) |
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Très heureuse de retrouver l'ami Joël Vernet sur Terres de femmes. Je le suis depuis longtemps et certains de ses derniers textes me paraissent aller au contact intransigeant de l'écriture de soi utilement dépouillée de ses anecdotes. Elle marche au rythme de la vie extérieure sans jamais perdre le contact avec ce regard entendu et inconsolable, le point de vue aigu de ceux qui ont grandi à la recherche d'une ou plusieurs réponses à l'absence dans tous ses deltas. Pour Joël Aller au désert ou aller à l'écriture est équivalent. Le retour à la fraternité des hommes s'effectue avec une voix désensablée et vivante. Je recommande aussi le texte qu'il a écrit sur sa mère : celle qui n'a pas les mots ... http://www.arald.org/ressources/pdf/entretiens/EntretienJoelVernet.pdf
Rédigé par : Mth Peyrin | 30 août 2010 à 18:47