Le 1er août 1819 naît à New York Herman Melville. Troisième enfant d’une famille de huit frères et sœur, Herman Melville est le fils d’Allan Melville, importateur de nouveautés à New York, et de Maria Gansevoort. Ses grands-parents, paternels et maternels, ont joué un rôle important dans la guerre d’Indépendance. Cependant, Allan, ruiné par les dettes et la faillite, sombra dans la folie et mourut, laissant Maria livrée à elle-même. Image, G.AdC Commence alors pour Herman une vie hasardeuse. D’abord engagé comme petit clerc dans la banque de son oncle Peter Gansevoort, il travaille ensuite dans l’affaire de peaux et de fourrures que son frère Gansevoort Melville tente de monter. À la suite de la faillite de l’affaire de son frère, Herman poursuit vaille que vaille ses études, lit Cooper, tout en travaillant dans la ferme d’un oncle. En 1838, il s’engage comme mousse sur le Saint Lawrence en partance pour Liverpool. Ce premier affrontement avec la mer lui inspirera Redburn ou Confessions et souvenirs d’un gentleman devenu marin. De retour en Amérique, il reprend un poste de maître d’école, puis descend le Mississippi avant de prendre à nouveau la mer, le 3 janvier 1841, sur l’Acushnet, un baleinier en partance pour le Pacifique. Commence alors l’aventure de Moby Dick. EXTRAIT DE MOBY DICK XXXVI LE GAILLARD D'ARRIÈRE (Entre Achab, puis tous) ― Que faites-vous quand vous voyez une baleine, les gars ? ― On la signale, fut la réponse en chœur spontané d'une vingtaine de voix. ― Bien, cria encore Achab, une approbation sauvage dans la voix et, profitant de l'animation dans laquelle sa question inattendue les avait précipités comme magnétiquement, il continua : ― Et ensuite, que faites-vous, les gars ? ― On met à la mer et on la poursuit. ― Sur quel air ramez-vous ? ― « Elle crèvera ou nous crèverons. » À chaque cri, la physionomie du vieillard devenait de plus en plus étrangement et sauvagement approbatrice. Les marins commençaient à le regarder curieusement ; ils semblaient se demander pourquoi les questions sans but les échauffaient tant. Ils s'animèrent tous de nouveau lorsque Achab, ayant fait demi-tour dans le trou de son pivot, s'accrocha presque convulsivement à un hauban très haut et leur dit : ― Vous tous, les vigies, vous m'avez entendu donner des ordres au sujet d'une baleine blanche ? Regardez, vous voyez cette pièce d'or espagnole ? ― il tenait haut une large pièce qui brillait au soleil ― c'est une pièce de seize dollars, les gars. Vous la voyez ? Monsieur Starbuck, passez-moi ce maillet, là-bas. Tandis que le second cherchait le maillet, Achab, sans rien dire, frotta lentement la pièce d'or sur les basques de son habit, comme pour la faire briller davantage; sans prononcer une parole, il fredonnait d'une voix basse ; le son produit était si étrangement étouffé et inarticulé qu'il semblait le bourdonnement mécanique des rouages de sa vie intérieure. Prenant le maillet des mains de Starbuck, il s'avança vers le grand mât, brandissant le marteau d'une main et de l'autre montrant la pièce d'or ; et là, d'une voix perçante il s'écria : ― Celui d'entre vous qui me lèvera une baleine à tête blanche ayant le front ridé et la mâchoire de travers ; celui d'entre vous qui me lèvera cette baleine à tête blanche, qui a trois trous dans la nageoire de sa queue, côté tribord... Voyez-vous ; celui qui me lèvera cette baleine blanche aura cette once d'or, les gars ! ― Hurrah ! Hurrah ! crièrent les marins en agitant des prélarts pour saluer le clouage de l'or au mât. ― Je dis une baleine blanche, continua Achab jetant le maillet par terre, une baleine blanche ; crevez-vous les yeux, les gars, guettez le moindre coin d'eau écumeuse ; même si vous n'en voyez qu'une bulle, signalez ! Pendant tout ce temps, Tashtego, Daggoo et Queequeg avaient écouté avec encore plus d'intérêt passionné et de surprise que les autres : à la mention du front ridé et de la mâchoire tordue ils avaient sursauté comme si chacun d'eux avait été touché par un souvenir spécial. ― Capitaine Achab, dit Tashtego, cette baleine blanche doit être celle que certains appellent Moby Dick ! |
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Ce qu'en disait Paul Auster dans L'Express du 02/05/2002 :
"...Melville avait connu un grand succès au tout début de sa carrière. Puis il est tombé dans l'oubli. Et lorsqu'il est mort, en 1891, tout le monde pensait qu'il était déjà mort ! Personne ne connaissait Moby Dick, ce chef-d'œuvre de la littérature. Trente ans plus tard, un critique qui chinait chez un bouquiniste dénicha un vieil exemplaire de Moby Dick et écrivit un article, et c'est ainsi que l'œuvre de Melville fut découverte."
Rédigé par : Armand Borlant | 01 août 2010 à 19:00