Ph., G.AdC NUIT BRISÉE Nuit brisée, d’âmes grises, de corps doubles, endoloris de songes, au point du jour. Le vent ancien dans le feuillage, vert pâli de la sève, le cœur enflé au fond des eaux, comme un nageur dans l’ombre. Et la pierre pétrie de la main pauvre, et des doigts jaunes des voyages, du tabac blond des Indes pires. Tes yeux de laine et de limons épandent des bruits d’eaux prénatales. S’ils s’ouvrent au monde, une lueur bleue météore les blesse. Tu saignes de cécité, de pleurs rivaux, je guide ton errance sertie de sable rouge. Nuages, et ton corps est un début de désert gris de peau, mué d’ossements de bêtes ancestrales. Une éclipse d’oiseaux devient le vert présage de tes verdures futures ; et les cieux sont couverts aux confins étoilés… Dieu poudroie. Je suis bénie d’arroche et de tombeaux, afin que naissent en toi, blessé, l’imperfection, et l’agonie, le cri gemmé de la nature ; afin que s’éprenne l’eau de ton visage… ébauche d’une bouche au béant de la source. Béatrice Douvre, Poèmes, L’Arrière-Pays, Auch, 1998, page 38. |
BÉATRICE DOUVRE Source ■ Béatrice Douvre sur Terres de femmes ▼ → l’Outrepassante → Poèmes en prose [Journal de Belfort] → Le vin, le soir ■ Voir aussi ▼ → (sur La Pierre et le Sel) Béatrice Douvre, l’invisible est un miracle, par Pierre Kobel → (sur Terres de femmes) Muriel Stuckel | Dans la césure de tes poèmes |
Retour au répertoire du numéro de juin 2010
Retour à l' index des auteurs
Commentaires