Le 6 juin 1599 naît à Séville Diego Rodríguez de Silva y Velázquez, dit en français Diego Vélasquez. De sa double origine ― portugaise par son père, Juan Rodriguez de Silva, et andalouse par sa mère, Jeronima Velázquez ―, Diego choisit le nom maternel pour s’imposer dans la peinture de l’école espagnole. La carrière magistrale de Vélasquez se déploie selon trois grandes périodes : ― les années sévillanes qui marquent son entrée dans les ateliers de peinture de la ville. D’abord élève dans l’atelier de Francisco Herrera le Vieux (1609), Vélasquez devient en 1610 l’élève de Francisco Pacheco, dont il épouse la fille, Juana Pacheco, en 1618 ; ― les années madrilènes passées au service du roi Philippe IV (1623 à 1660) ; ― les séjours en Italie, que le peintre visita deux fois : la première fois en 1629, la seconde en 1649. Ouvert à toutes les influences croisées au cours de ses rencontres artistiques ― peinture vénitienne du XVIe siècle, naturalisme caravagesque et classicisme des artistes de la Rome de 1630, Vélasquez invente un style personnel qui fait de lui le maître incontesté du siècle d’or espagnol. Au cours des années madrilènes (1623-1629), le jeune artiste exécute une série de portraits de la famille royale : le roi Philippe IV, Gaspar de Guzmán, Comte-Duc d’Olivares, Portrait de l’Infant Don Carlos (1626). Apprécié pour son génie plein d’aisance, pour sa finesse et pour sa courtoisie, Vélasquez obtient la charge de peintre du roi. Commence alors sa brillante ascension de peintre de cour. La rencontre de Rubens, en 1628, lui ouvre de nouveaux horizons. De cette époque date la première œuvre mythologique de Vélasquez, Le Triomphe de Bacchus, d’inspiration caravagesque, dite aussi Les Buveurs (1628-1629). Les conseils de Rubens et la découverte des grands maîtres italiens dont les œuvres arrivent à la cour d’Espagne, incitent Vélasquez à se rendre en Italie. De son premier séjour en Italie (1629-1631), Vélasquez rapporte des compositions influencées par l’art du Tintoret et de Titien. En même temps que s’affirme son goût pour l’étude des corps nus et pour la représentation des affetti, sa manière évolue vers davantage de légèreté et de souplesse dans le traitement de l’espace, mais aussi de clarté et de lumière. Sa palette s’enrichit et se nuance. De cette période datent les deux toiles des Jardins de la Villa Médicis à Rome, La Forge de Vulcain et Jacob recevant la tunique de Joseph. De retour à Madrid, Vélasquez poursuit son œuvre de portraitiste de la famille royale tout en introduisant dans son art des accents personnels qui modifient les schémas conventionnels auxquels il reste attaché. Destinées à décorer la Torre de la Parada, les compositions sur le thème de la chasse ― Philippe IV en brun et argent, Philippe IV en chasseur, Balthazar Carlos en chasseur (1635) ―, témoignent de l’importance accordée au naturel par le peintre. Il en est de même des portraits équestres, dont Vélasquez renouvèle le genre en s’attachant aux effets d’atmosphère obtenus par la chatoyance de la matière et des couleurs. Ainsi du Comte-Duc d’Olivares à cheval (1632) ou du Prince Balthazar Carlos à cheval (1635). Dans les années qui suivent, Vélasquez s’attache à la peinture des bouffons et des nains de la cour. Qui offre, des gens chargés de distraire le roi d’Espagne et sa cour, une galerie de portraits hauts en couleur ! Ainsi Le Bouffon Pablo de Valladolid (1634) est-il présenté dans l’attitude dramatique de l’acteur tandis que Le Bouffon don Diego de Acedo, dit aussi El Primo (1635), dont les caractéristiques physiques sont celles du nain, est représenté entouré de livres et d’objets d’écriture. Sans doute fut-il aussi attaché à « l’estampille », bureau chargé du facsimilé de la signature royale. Quant au Bouffon don Juan d’Autriche (1632), il porte le nom, le costume et les attributs du héros de la bataille de Lépante (1571), dont on aperçoit le décor dans l’arrière-plan. Chargé par Philippe IV d’enrichir les collections royales, Vélasquez se rend à nouveau en Italie. Au cours de ce second séjour (1650), il réalise le portrait du pape Innocent X. Et peut-être la Vénus au miroir. La dernière partie de la vie de Vélasquez se déroule à Madrid. Nommé Aposentador Mayor de Palacio (grand maréchal du palais), le peintre assume des charges honorifiques et administratives très lourdes et poursuit son œuvre de grand portraitiste. Il réalise L’Infante Marie-Thérèse (1652-1653), L’Infante Marguerite (1654-1656). Son œuvre culmine avec deux chefs-d’œuvre : Les Ménines (1656) et Les Fileuses (1657). Atteint d’une fièvre violente, Vélasquez meurt le 7 août 1660.
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Remarquable approche de cette Vénus au miroir de Vélasquez.
« [...] il arrive aussi que la présence de reflet - surtout s'il s'agit du sien - trouble et suscite une certaine angoisse. L'apparition subite de ce double familier peut surprendre et même faire sursauter, étant alors curieusement perçue comme non familière mais étrange. C'est le cas notamment lorsqu'on n'a pas remarqué la proximité d'un miroir ou d'une glace quelconque qui guette le moment de vous saisir à l'improviste dans le double sens du terme de saisir (à la fois capter et faire tressaillir). Qui est donc cet "autre", si proche de moi, qui m'épie et me surveille à mon insu ? On reconnaît là le thème du "Horla" de Maupassant, de cet autre moi-même qui me regarde à travers le miroir et prend progressivement possession de ma personne [...] ».
Clément Rosset, Le reflet (IIIe chapitre),
Impressions fugitives L'ombre, le reflet, l'écho
Les Editions de Minuit, Collection Paradoxe, page 54.
Rédigé par : christiane | 07 juin 2010 à 09:29